Date : 2025
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Éducation à la citoyenneté (enseignement secondaire) -- Chine
Politique et gouvernement -- Chine -- 1976-....
Résumé / Abstract : Depuis les années 1980, « former les citoyens [gōngmín 公民] » a constitué l’objectif principal de l’éducation civique chinoise. En analysant de manière qualitative et critique les manuels utilisés dans les écoles secondaires de 1978 à 2018, notre recherche démontre que l’enseignement de la citoyenneté chinoise a développé une conception du citoyen proche de celle du « sujet légal », soumis au pouvoir de l’État-parti et encadré par la loi, mais éloigné de celle du « citoyen autonome » centrale dans la pensée occidentale, où celui-ci est capable d’exercer ses droits civils et politiques afin de protéger ses libertés individuelles. Le citoyen chinois est avant tout défini par un statut collectif en tant que membre de la nation chinoise. À partir de la philosophie éthique collectiviste, les manuels enseignent le patriotisme, qui a pour objectif de susciter à la fois l’amour de la patrie et la fidélité au régime communiste. S’il est vrai que les réformes économiques vers la libéralisation ont nécessité la reconnaissance d’une valeur à l’individu, celui-ci reste assujetti au pouvoir politique détenu par le Parti communiste chinois. Ce rapport entre l’individu et l’État-parti est présenté dans les manuels scolaires sous trois aspects : la morale, le système politique et l’ordre juridique. Au niveau moral, bien qu’une importance de plus en plus grande soit accordée à l’intérêt individuel, les valeurs sont soumises au principe de la « subordination de l’intérêt individuel à l’intérêt collectif ». Au niveau politique, si le « peuple » bénéficie des « droits démocratiques » accordés par l'État-Parti et qu’il peut ainsi être considéré comme le « maître de son pays », il reste dirigé par le Parti communiste, et la participation politique des citoyens est de plus en plus contrôlée par ce dernier. Enfin, au niveau juridique, on apprend aux futurs citoyens d'une part à obéir au droit, défini comme l’outil servant uniquement à maintenir l’ordre politique et sociale, et d'autre part à exercer d'une "manière correcte" un grand nombre de droits individuels qui sont pourtant subordonnés aux intérêts de l’État et de la collectivité.
Résumé / Abstract : Since the 1980s, “training citizens [gōngmín 公民]” has been the main objective of Chinese civic education. Through a qualitative and critical analysis of the textbooks used in secondary schools from 1978 to 2018, our research demonstrates that Chinese citizenship education has developed a conception of the citizen close to that of the “legal subject”, subject to the power of the party-state and ruled by the law, but far from that of the “autonomous citizen” central to Western thought, where the latter is capable of exercising his civil and political rights in order to protect his individual freedoms. The Chinese citizen is above all defined by a collective status as a member of the Chinese nation. Based on the collectivist ethical philosophy, textbooks teach patriotism, which aims to foster both love of the homeland and loyalty to the Communist regime. While economic liberalization reform has led the regime to recognize a value to the individual, the latter remains subject to the political power of the Chinese Communist Party. This relationship between the individual and the party-state is presented in textbooks under three aspects: morality, the political system and the legal order. At the moral level, although increasing importance is attached to individual interest, values are subject to the principle of “subordination of individual interest to collective interest”. At the political level, while the “people” benefit from the “democratic rights” granted by the Party-State and can thus be considered as “masters of their country”, they are still ruled by the Communist Party, and the political participation by citizens is increasingly controlled by it. Finally, at the legal level, future citizens are taught to obey the law, defined as a tool whose only goal is to maintain political and social order, and to exercise in the “correct manner” many individual rights that are nonetheless subordinated to the interests of the State and the community.