Date : 2024
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Classification Dewey : 944.081
Résumé / Abstract : La place de l'histoire est centrale dans le projet de l'Action française depuis sa naissance à la fin du XIXe siècle. Les relations que le mouvement noue avec l'histoire sont complexes, passionnées et constantes. Aux yeux de Charles Maurras, l'histoire n'est pas à cultiver pour elle-même. Ce n'est pas un simple objet de curiosité ou d'érudition. Dans sa conception de la civilisation, elle est un héritage à faire fructifier : le triple héritage méditerranéen de la Grèce ancienne, de la Rome antique et de l'ordre catholique. Selon la logique du « Politique d'abord », l'histoire est également instrument et servante, car elle doit servir une ambition politique : le rétablissement de l'unité et de la grandeur nationale par la restauration de la monarchie dont Maurras entreprend de démontrer la nécessité comme une évidence « mathématique ». Pour servir ce dessein, l'histoire est l'un des instruments - parmi tant d'autres - que l'Action française met à profit. De son rôle subordonné, il ne faudrait pas déduire un rôle insignifiant. Tout au contraire, l'histoire, à travers la méthode de « l'empirisme organisateur », irrigue l'ensemble du discours politique de l'Action française. Elle oriente sa démarche et guide ses conclusions. Elle est instrument de combat contre les idées, les courants, les institutions et les hommes qui représentent la démocratie, héritière d'une histoire dans laquelle Maurras voit « le mal » et « la mort ». C'est donc avant tout une histoire nationale, une histoire de France, conçue et écrite par rapport à la France, même quand elle s'étend aux nations étrangères. Au cours des cinq premières décennies de son existence, l'Action française présente au public une contre-histoire, mettant en valeur les origines capétiennes de la France, vouant aux gémonies la rupture révolutionnaire et ses prolongements impériaux et républicains. A cet égard, elle rencontre un succès paradoxal. En effet, Maurras n'est pas historien de formation, pas plus que Léon Daudet et Jacques Bainville. Si l'histoire émaille le discours de l'Action française, rares sont les historiens qui adhèrent au mouvement. Celui-ci s'oppose d'ailleurs vivement aux institutions universitaires traditionnelles. Sa force réside, en partie, dans la modulation et l'imbrication de plusieurs discours historiques : un discours théorique et doctrinal, un discours polémique et parfois injurieux, un discours historique, enfin, qui tend à répondre aux exigences scientifiques de ce temps. Pour développer ces différents discours, le mouvement peut compter sur des plumes souvent talentueuses : Maurras, Daudet et Bainville, bien sûr, mais également Louis Dimier, Pierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano, Marie-Louis de Roux, etc. La diversité de ces figures et écritures entraîne naturellement des désaccords et même des contradictions qui viennent se nicher dans la conception historique de l'Action française. Toutes les figures n'ont pas la même importance dans la vie du mouvement, si bien qu'il est possible de décrire plusieurs « cercles » en son sein. Cependant, le mouvement est tenu par son sommet d'un point de vue doctrinal. Les divergences sont davantage des nuances. La cohérence du discours, sa relative simplicité, de même que ses qualités littéraires, rendent compte de son écho intellectuel, notamment au lendemain de la Grande Guerre.
Résumé / Abstract : The place of history has been central to the Action Française project since its birth at the end of the 19th century. The relationship between the movement and history is complex, passionate and constant. In the eyes of Charles Maurras, history is not to be cultivated for its own sake. It is not a mere object of curiosity or scholarship. In his conception of civilisation, it is a legacy that need be brought to fruition: the triple Mediterranean heritage of ancient Greece, ancient Rome and the Catholic order. According to the logic of "Politics First", history is both an instrument and a servant, because it must serve a political ambition: the re-establishment of national unity and greatness through the restoration of the monarchy, whose necessity Maurras undertakes to demonstrate as a "mathematical" evidence. History is one of the instruments - among many others - that Action française utilises to serve this purpose. From its subordinate role, one should not deduce an insignificant role. On the contrary, history, through the method of "organising empiricism", permeates the entire political discourse of Action française. It guides both its approach and its conclusions. It is an instrument of combat against the ideas, the currents, the institutions and men who represent democracy, heir to a history in which Maurras sees "evil" and "death". It is therefore above all a national history, a history of France, conceived and written in relation to France, even when it extends to foreign nations. During the first five decades of its existence, Action Française presented the public with a counter-history, highlighting the Capetian origins of France, and execrating the revolutionary breach and its imperial and republican extensions. In this respect, it has encountered paradoxical success. Indeed, Maurras was not a historian by training, nor are Léon Daudet and Jacques Bainville. Although history punctuates the discourse of Action française, few historians adhered to the movement. Moreover, the movement was strongly opposed to traditional academic institutions. Its strength lies, in part, in the modulation and interweaving of several historical discourses: a theoretical and doctrinal discourse, a controversial and sometimes offensive discourse, and a scientific or seemingly scientific discourse. To develop these different discourses, the movement could rely on gifted writers: Maurras, Daudet and Bainville, of course, but also Louis Dimier, Pierre Gaxotte, Frantz Funck-Brentano, Marie-Louis de Roux, etc. The diversity among these figures and their writings has naturally lead to disagreements and even contradictions which are embedded in the movement's conception of history. Those figures have not all had the same importance in the life of Action française, therefore it is possible to delineate several "circles" within the movement. However, the movement is held together by its leadership from a doctrinal point of view. The divergences are more nuances. The coherence of the discourse, its relative simplicity, as well as its literary qualities account for its intellectual resonance, especially in the aftermath of the Great War.