L'interdiction des tournois : l'échec d'une norme canonique aux XIIe et XIIIe siècles / Pierre Chaffard-Luçon ; sous la direction de Nicolas Warembourg

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Droit canonique -- Histoire -- 12e siècle

Droit canonique -- Histoire -- 13e siècle

Classification Dewey : 340.09

Warembourg, Nicolas (1974-.... ; juriste) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Tuttle, Liêm (1982-.... ; juriste) (Président du jury de soutenance / praeses)

Roumy, Franck (1964-.... ; juriste) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Martin, Vincent (1984-.... ; enseignant-chercheur en histoire du droit) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Sol, Thierry (1971-.... ; docteur en sciences politiques) (Membre du jury / opponent)

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (1971-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale de droit de la Sorbonne (Paris ; 2015-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Institut de recherche juridique de la Sorbonne (Paris ; 2001-....) (Laboratoire associé à la thèse / thesis associated laboratory)

Résumé / Abstract : L’interdiction du tournoi par une Église au sommet de sa puissance temporelle au lendemain de la réforme grégorienne se révéla inefficace malgré de régulières itérations. Cet échec offre un sujet d’étude capable de nourrir une réflexion sur l’effectivité des normes de droit ecclésiastique face à la résistance du monde séculier. La motivation affirmée par les sources — la létalité du tournoi — ne semble qu’apparente, étant contredite par l’ensemble des connaissances à disposition sur ce jeu. L’Église cherchait en réalité à soutenir le mouvement de paix et à s’opposer à ce qu’elle considérait comme une injuste violence touchant les plus faibles et pénalisant ses projets de croisade. La prohibition ne fut reçue que très imparfaitement par la société médiévale : les docteurs de l’Université oscillèrent entre une ignorance de la norme et un élargissement praeter legem de l’incrimination pour la déplacer sur le terrain de l’homicide volontaire. Sauf à de rares exceptions, notables et surprenantes, les clercs au contact des milites ne mirent pas en œuvre cette interdiction. Pour justifier cette inaction susceptible de porter atteinte à l’autorité de l’Église, ils eurent entre autres recours à la notion dissimulatio. Le monde laïc témoigna de résistance voire d’hostilités : les princes séculiers ne reprirent pas les canons et, lorsqu’ils défendirent à leurs sujets de tournoyer, ce fut au service de leurs propres intérêts. Jean XXII finit par s’incliner en 1316, alors que le tournoi commençait à disparaître, remplacé par d’autres formes de divertissements guerriers.

Résumé / Abstract : The prohibition of the tournament by a Church at the peak of her temporal power in the aftermath of the Gregorian reform proved ineffective despite regular iterations. This failure provides a subject of study capable of fueling reflection on the effectiveness of ecclesiastical law norms in the face of resistance from the secular world. The motivation asserted by the sources — the lethality of the tournament — appears to be only superficial, contradicted by all available knowledge of this game. The Church was actually seeking to support the peace movement and oppose what it saw as unjust violence affecting the weakest and hindering its crusade projects. The prohibition was only very imperfectly received by medieval society: university doctors oscillated between ignorance of the norm and an enlargement praeter legem of the incrimination to shift it onto the terrain of voluntary homicide. Except for rare, notable, and surprising exceptions, clerics in contact with milites did not enforce this prohibition. To justify this inaction that could undermine the authority of the Church, they resorted, among other things, to the notion of dissimulatio. The secular world showed resistance or even hostility: secular princes did not follow the canons, and when they forbade their subjects to hold tournaments, it was in service of their own interests. Pope John XXII eventually yielded in 1316, as the tournament began to disappear, replaced by other forms of martial entertainment.