Date : 2024
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Résumé / Abstract : Cette thèse vise à approfondir la compréhension des relations entre le module d’élasticité d’un polypropylène isotactique (iPP) et sa microstructure à différentes échelles. Une approche expérimentale multi-échelle originale est développée, combinant essais d’indentation et microscopie à force atomique (AFM) pour la caractérisation du module d’élasticité et de la morphologie tridimensionnelle des sphérolites. Le travail s'articule autour de quatre axes : (i) la caractérisation de la morphologie sphérolitique par AFM, (ii) des essais d’indentation à diverses échelles en utilisant différentes techniques (AFM en mode mécanique, nanoindentation, et macro-indentation), (iii) la caractérisation du module d’élasticité au sein des sphérolite à travers des cartographies de module obtenue par nanoindentation et par AFM en mode mécanique, et (iv) l’évaluation d’un volume élémentaire représentatif (VER) mécanique à partir d’essais d’indentation sphérique.Un protocole original a permis de produire des échantillons massifs de iPP avec une surface plane, peu rugueuse et sans attaque chimique, conservant ainsi la microstructure tridimensionnelle de surface. Les résultats révèlent des éléments nouveaux sur la microstructure des sphérolites et la nanostructure lamellaire de la phase α. Outre les observations classiques (formes en gerbe ou rosette), une échelle intermédiaire est identifiée : les branches radiales des sphérolites, de taille micrométrique, constituées de lamelles cristallines orientées orthoradialement. Ces lamelles adoptent une organisation « lath-like » dans les branches et « cross-hatching » dans les zones de fermeture. La longue période (Lp) moyenne est mesurée localement par AFM, et est cohérente avec la littérature (SAXS).Les cartographies par nanoindentation ont montré un gradient décroissant du module du centre vers les bords des sphérolites. Les branches situées sur les axes principaux de croissance affichent les modules les plus élevés, tandis que les zones latérales montrent des valeurs plus faibles. Cette variation est attribuée à la densité, à l'organisation ou à l’orientation des lamelles. À l’échelle lamellaire, les cartographies obtenues par AFM en mode mécanique montrent des hétérogénéités significatives. Certaines branches affichent des modules élevés, probablement liés à la microstructure sous la surface. Une transition est observée, avec des valeurs plus faibles au centre et plus élevées en périphérie, marquant un changement de module avec la croissance radiale. Toutefois, aucune corrélation directe n'a été établie avec des paramètres géométriques comme la longue période Lp ou l'angle d’émergence des lamelles, suggérant que ces paramètres microstructuraux ne suffisent pas à eux seuls à capturer la complexité de la microstructure. Une étude d’indentation sphérique multi-échelle a permis d’explorer les effets d’échelle sur le module d’élasticité du iPP. Les résultats révèlent que les modules mesurés par AFM sont significativement plus élevés que ceux obtenus par nanoindentation et macro-indentation, ces dernières présentant des valeurs assez similaires. Plusieurs hypothèses sont proposées et discutées pour expliquer cette différence, notamment le volume sondé, la vitesse de sollicitation et le cadre d'analyse. L’échelle de transition vers un VER mécanique n’est pas précisément déterminée, mais les résultats suggèrent qu’elle se situe à l’échelle intra-sphérolitique, lorsque plusieurs branches sont sondées. Cette évaluation pourrait varier avec d'autres microstructures. Enfin, l’étude des transitions entre techniques d’indentation a montré que varier la taille des pointes offre un gain limité sur le volume sondé, révélant ainsi les limites des équipements actuels pour explorer pleinement ces transitions d’échelle.
Résumé / Abstract : The aim of this thesis is to gain a deeper understanding of the relationships between the elastic modulus of isotactic polypropylene (iPP) and its microstructure at different scales. An original multi-scale experimental approach is developed, combining indentation tests and atomic force microscopy (AFM) to characterize the elastic modulus and three-dimensional morphology of spherulites. The work is structured around four axes: (i) characterization of spherulitic morphology by AFM, (ii) indentation tests at various scales using different techniques (AFM in mechanical mode, nanoindentation, and macro-indentation), (iii) characterization of elastic modulus within spherulites through modulus mappings obtained by nanoindentation and AFM in mechanical mode, and (iv) evaluation of a mechanical representative elementary volume (REV) from spherical indentation tests. An original protocol was used to produce bulk iPP samples with a flat, slightly rough surface and without chemical etching, thus preserving the three-dimensional surface microstructure. The results reveal new insights into the microstructure of spherulites and the lamellar nanostructure of the α-phase. In addition to the classic observations (sheaf or rosette shapes), an intermediate scale is identified: the micrometer-sized radial branches of spherulites, made up of orthoradially oriented crystalline lamellae. These lamellae adopt a “lath-like” organization in the branches and “cross-hatching” in the closure zones. The average long period (Lp) is measured locally and is consistent with the literature (SAXS).Nanoindentation mapping showed a decreasing modulus gradient from the center to the edges of the spherulites. Branches located on the main growth axes show the highest moduli, while lateral areas show lower values. This variation is attributed to the density, organization or orientation of the lamellae. At lamellar scale, AFM in mechanical mode mappings show significant heterogeneity. Some branches display high moduli, probably linked to the subsurface microstructure. A transition is observed, with lower values in the center and higher at the periphery, marking a change in modulus with radial growth. However, no direct correlation was established with geometric parameters such as the long period Lp or the lamella emergence angle, suggesting that these microstructural parameters alone are not sufficient to capture the complexity of the microstructure. A multi-scale spherical indentation study explored the effects of scale transition on the elastic modulus of iPP. The results reveal that the moduli measured by AFM are significantly higher than those obtained by nano-indentation and macro-indentation, the latter presenting fairly similar values. Several hypotheses were proposed and discussed to explain this difference, including the volume probed, the strain rate and the analysis framework. The scale transition to a mechanical REV is not precisely determined, but the results suggest that it lies at the intra-spherulitic scale, when several branches are probed. This assessment could vary with other microstructures. Finally, the scale transition study between indentation techniques showed that varying tip size offers limited gain in probed volume, revealing the limitations of current equipment to fully explore these scale transitions.