Prévention du comportement hétero-agressif par exposition en réalité virtuelle dans la schizophrénie pharmacorésistante : étude de faisabilité et de mise au point / Servane Grall ; sous la direction de Bilal Bendib

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Schizophrénie

Résistance aux médicaments

Réalité virtuelle en médecine

Thérapie d'exposition

Prévention

Jeux de rôle (jeux)

Agressivité

Bendib, Bilal (Directeur de thèse / thesis advisor)

Guillin, Olivier (1966-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Wallon, David (1981-...) (Membre du jury / opponent)

Liard, Agnès (1963-....) (Membre du jury / opponent)

Université de Rouen Normandie (1966-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Résumé / Abstract : La schizophrénie est un trouble peu fréquent mais invalidant dont la physiopathologie reste mal comprise et pour lequel il existe peu d’options thérapeutiques efficaces. Environ 30% des patients schizophrènes sont pharmacorésistants et souffrent de symptômes psychotiques persistants. Le fonctionnement cognitif social des patients schizophrènes présente des altérations pouvant entraîner des réponses sociales inadaptées et dans les cas les plus extrêmes des comportements hétéroagressifs. Dans les Unités pour Malades Difficiles (UMD), unités de psychiatrie spécialisées dans la prise en charge de patients présentant un danger pour euxmêmes ou autrui, la prévention de la récidive hétéroagressive représente une cible thérapeutique prioritaire. Les interventions basées sur les principes de la Thérapie CognitivoComportementale (TCC) sont privilégiées dans le traitement des problèmes de régulation de l’agressivité mais restent peu étudiées et utilisées. Elles sont en outre difficilement accessibles aux patients hospitalisés dans des milieux hautement contrôlés tels les UMD. Ces dernières années ont vu apparaître une littérature scientifique grandissante étudiant le potentiel et les effets de l’utilisation de la réalité virtuelle dans un cadre clinique. Celle-ci peut être utilisée pour créer des environnements simulés pertinents dans lesquels l'évaluation et le traitement des processus cognitifs, émotionnels et sensorimoteurs peuvent avoir lieu dans des conditions qui ne sont pas facilement réalisables et contrôlables dans le monde physique. En psychiatrie, la thérapie d’exposition par réalité virtuelle ou VRET serait une modalité d’exposition efficace pour le traitement des troubles anxieux. La VRET bénéficie en outre d’un avantage notable par rapport à l’exposition in vivo : la possibilité de contrôler précisément la qualité, l’intensité et la fréquence des expositions. Dans la schizophrénie, il existe aujourd’hui un faisceau d’éléments concordants en faveur de l’utilisation de la réalité virtuelle (VR) pour récréer des situations sociales écologiques, pour améliorer la compréhension de la symptomatologie psychotique, mais également dans le traitement et la réhabilitation des patients. Dans la prévention du comportement hétéroagressif, des études suggèrent que la VR représenterait une méthode sécure et personnalisée pour identifier les déclencheurs individuels de la colère et de l’agressivité et pourrait également permettre de modifier les réponses des participants face à ces déclencheurs, notamment par le biais de jeux de rôle. Dans cet objectif nous nous sommes intéressés à la faisabilité d’un nouveau protocole de thérapie en réalité virtuelle, ciblant la prévention du comportement hétéroagressif chez deux patients atteint de schizophrénie pharmacorésistante hospitalisés à l’Unité pour Malades Difficiles du Centre Hospitalier du Rouvray entre juillet et août 2023. Celui-ci consiste en des jeux de rôle organisés avec l’aide des soignants de l’unité dans le but d’exposer les patients à des environnements capable de susciter des velléités hétéroagressives sans porter atteinte à autrui, et ainsi de leur permettre d’apprendre des stratégies de réponse alternatives à ce type de situation. Nous présentons ici les résultats de cette étude pilote qui soulignent le potentiel de la réalité virtuelle comme outil d’intervention en psychiatrie, permettant notamment d’améliorer la motivation au traitement des participants et d’entrainer de nouvelles compétences de métacognition tout en étant bien tolérée sur les plans psychiatrique et physiologique. Il semble intéressant de poursuivre la recherche dans ce sens par des protocoles de haute qualité méthodologique incluant des protocoles d'expérimentation standardisés, des instruments de mesure normalisés et des études à long terme.