Le trésor du Soleil : rôle et fonctionnement socioéconomique du temple de Šamaš (Ebabbar) à Sippar à l'époque paléo-babylonienne / Thibaud Nicolas ; sous la direction de Grégory Chambon et de Dominique Charpin

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Shamash -- divinité mésopotamienne

Assyriologie

Histoire économique -- Jusqu'à 500

Sociologie économique -- Assyrie

Civilisation assyro-babylonienne

Sippar (ville ancienne) -- Ebabbar

Chambon, Grégory (1972-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Charpin, Dominique (1954-.... ; assyriologue) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Lion, Brigitte (1962-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Démare-Lafont, Sophie (19..-.... ; juriste) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Ziegler, Nele (1967-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Stol, Marten (1940-....) (Membre du jury / opponent)

École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Dans cette thèse, nous étudions l’Ebabbar un temple babylonien situé à Sippar, en Mésopotamie centrale. On y honorait le dieu du soleil et de la justice, Šamaš ainsi que, de façon secondaires, d’autres divinités. Nous étudions la place de l’Ebabbar de Sippar-yahrurum dans les réseaux sociaux et le système socioéconomique de Sippar à l’époque paléo-babylonienne ou amorrite (2004-1595 av. J.-C.). La première partie est un point sur l’histoire des fouilles de Sippar et développe les perspectives historiographiques et méthodologiques de notre étude. Cette thèse a la spécificité de brosser le portrait d’un grand organisme non pas à partir des archives internes à celui-ci, qui n’ont pas été découvertes, mais à partir d’un corpus d’environ 400 textes cunéiformes (dont quelques inédits) le concernant appartenant à d’autres archives ou dossiers, généralement ceux de particuliers. Nous mobilisons dans la deuxième partie les ressources de la sociologie des réseaux et de la prosopographie pour analyse le personnel du temple, réparti en trois catégories. Nous distinguons le personnel permanent du temple, les véritables administrateurs et gestionnaires du temple, du personnel occasionnel (en particulier les individus dépositaires de prébendes templières) et des experts embauchés ponctuellement par le temple (notamment les scribes et les orfèvres). Il en ressort que les réseaux de sociabilité spécifiques aux notables de Sippar s’articulent tout particulièrement autour de l’Ebabbar. Dans la troisième partie de la thèse, nous examinons le système productif de l’Ebabbar, ce qui permet d’affiner les connaissances assyriologiques sur la production, le stockage et la distribution des denrées agricoles par les grands sanctuaires mésopotamiens. Une attention toute particulière est prêtée à la question des entrepôts du temple et à ceux du kārum, le quartier marchand de Sippar, ainsi qu’au rôle joué par les religieuses-nadītum, de riches femmes consacrées au dieu Šamaš et bénéficiant d’une résidence dans le cloître-gagûm. La dernière partie mobilise les ressources de l’anthropologie économique pour comprendre les processus d’échanges marchands et non-marchands qu’abritait l’Ebabbar ainsi que le rôle de garant comptable et économique joué par le dieu-soleil, et notamment les actes dits de « charité » ayant lieu au sein du temple. Cette dernière partie s’interroge aussi sur la façon dont l’Ebabbar assurait son importance économique par le contrôle de systèmes métrologiques et l’entretien d’un vaste réseau de dettes de plusieurs types.

Résumé / Abstract : In this PhD we study the ‘Ebabbar’, a Babylonian temple located in Sippar, in central Mesopotamia. In this temple, the god of sun and justice, Šamaš, was honoured as well as other secondary deities. We study the place of the Ebabbar of Sippar-yahrurum in the social networks and socio-economic system of Sippar during the Paleo-Babylonian or Amorite period (2004-1595 BC). The first part of the PhD reviews the history of the excavations at Sippar and develops the historiographical and methodological perspectives of our study. The specificity of this dissertation is that it draws a portrait of a large organization not from its internal archives, which have not been yet uncovered, but through a corpus of about 400 cuneiform texts (some of which are still unpublished) concerning it. Those texts yet belong to other archives or files, generally those of individuals. In the second part of the dissertation, we mobilise the resources of network sociology and prosopography to sketch up a portrait of the temple staff, divided into three categories. We distinguish the permanent officials of the temple, the real administrators and supervisors of the temple, from the occasional staff (in particular individuals holding Templar prebends) and from the experts hired temporarily by the temple (in particular the scribes and goldsmiths). It emerges that the networks of sociability specific to the notables of Sippar are particularly articulated around the Ebabbar. In the third part of the dissertation, we examine the productive system of the Ebabbar, which allows us to refine the Assyriological knowledge on the production, storage and distribution of agricultural commodities by the great Mesopotamian sanctuaries. Particular attention is paid to the question of the warehouses of the temple and those of the kārum, the merchant-district of Sippar, as well as to the role played by the nadītum-nuns, wealthy women consecrated to the god Šamaš and having a residence in the cloister-gagûm. The last part of the dissertation mobilises the resources of economic anthropology in order to understand how went the mercantile and non-mercantile exchanges that the Ebabbar housed, as well as the role of accounting and economic warrant played by the sungod, and in particular the acts of so-called "charity" that took place within the temple. This last part also examines the way in which the Ebabbar ensured its economic importance through a “gift-economy”, the control of metrological systems and the maintenance of a vast network of debts of various types.