Le jardin, l'île et le mythe : une ethnographie de l'indianité en Guadeloupe et d'une circulation des plantes et des savoirs (Antilles, Mascareignes) / Lou Kermarrec ; sous la direction de Michel Boivin et de Laurence Pourchez et de Catherine Servan-Schreiber

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Insulaires -- Guadeloupe -- 1800-....

Paysage -- Guadeloupe -- 1800-....

Créolisation linguistique -- Guadeloupe -- 1800-....

Engagisme -- Guadeloupe -- 1800-....

Transmission de savoir-faire

Ethnobotanique -- Guadeloupe -- 1800-....

Art des jardins -- Influence indienne (de l'Inde) -- Guadeloupe -- 1800-....

Boivin, Michel (1955-.... ; anthropologue et historien) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Pourchez, Laurence (19..-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Servan-Schreiber, Catherine (1948-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Ghasarian, Christian (1957-.... ; ethnologue) (Président du jury de soutenance / praeses)

Rousseleau, Raphaël (1973-) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Brunois, Florence (19..-....) (Membre du jury / opponent)

Murugaiyan, Appasamy (1951-.... ; linguiste) (Membre du jury / opponent)

Speziale, Fabrizio (1968-....) (Membre du jury / opponent)

École des hautes études en sciences sociales (Paris ; 1975-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : La question des savoirs liés aux plantes, à l’environnement et au paysage n’est pas explorée dans les travaux sur la migration de l’engagisme indien (1834-1917) vers les îles créolophones des Antilles et des Mascareignes. De même, l’interdépendance entre le végétal, les dieux, les mythes et les cultes hindous n’est pas prise en compte dans les travaux sur l’hindouisme pratiqué aujourd’hui dans ces îles. A partir du cas de la Guadeloupe, je propose une analyse ethnobotanique des modalités de transmission des plantes et de leurs usages dans les familles d’origine indienne depuis l’époque de l’engagisme et une étude de la diffusion de ces plantes dans le paysage de l’archipel, sur un temps long. En mobilisant des sources ethnographiques, botaniques et historiques, je formule des hypothèses sur l’introduction de plantes par les engagés indiens en Guadeloupe (XIXe siècle) et par leurs descendants (XXe-XXIe siècles). Lorsque la relation au jardin et au paysage végétal, réel, mythologique et imaginaire, est insérée dans une chronologie étendue, elle permet de questionner et de contextualiser l’existence des savoirs indiens au jardin créole et celle d’une « indianité » en Guadeloupe. Les plantes structurent les rituels hindous et permettent d’interagir avec les dieux. En exil, les mythes, savoirs transmis oralement sur les dieux et le monde, deviennent des savoirs à part entière. La pratique des cultes hindous est abordée par l’angle de l’insularité et du lien entre les symboliques du végétal et la notion de sacré, à partir d’un vis-à-vis entre le cas de la Guadeloupe et ceux de La Réunion et l’île Maurice. Les échanges actuels entre les hindous de la Guadeloupe et l’Inde, les pays du Sud de la Caraïbe et les îles Mascareignes entraînent de nouvelles modalités de connaissance des plantes et de leurs usages. Ces échanges favorisent l’introduction de nombreuses espèces végétales qui se diffusent progressivement dans les jardins, dans le contexte d’une mise en contact des pratiques hindoues « créoles » avec la circulation de savoirs brahmaniques plus globalisés. La diffusion des plantes et la transmission des savoirs, à différentes époques, entre l’Inde et les îles des Antilles et des Mascareignes, façonnent une relation particulière au jardin, lieu d’intimité et de déploiement d’un être au monde singulier. La présente thèse est une tentative d’illustration du processus de créolisation, à partir de l’espace du jardin et des lieux de culte hindous, sous une variable particulière : celle de la temporalité.

Résumé / Abstract : The question of knowledge related to plants, environment and landscape has not been explored in the works about the migration of Indian indentured laborers (1834-1917) to the Creole-speaking islands of the West Indies and the Mascarenes. Similarly, the interdependence between plants, gods, myths and Hindu cults is not considered in works on the form of Hinduism practiced today on these islands. Starting from the case of Guadeloupe, I propose an ethnobotanical analysis of the modalities of transmission of plants and their uses in families of Indian origin since the times of indenture, and a study on how these plants have spread to the landscape of the archipelago, over a long duration. Using ethnographic, botanical and historical sources, I formulate hypotheses on the introduction of plants by Indian indentured laborers in Guadeloupe (19th century) and by their descendants (20th-21st centuries). When the relationship to the garden and the plant landscape is inserted into an extended chronology, it allows us to question and contextualize the existence of Indian knowledge in the Creole garden, and an "Indianness" present in Guadeloupe. The plants structure Hindu rituals and allow interaction with the gods. In exile, myths, orally transmitted stories about the gods and the world, become knowledge. The practice of Hindu cults is approached from the angle of insularity and the link between the symbolism of plants and the notion of the sacred is based on a comparison between Guadeloupe on one hand, La Réunion and Mauritius on the other. Current exchanges between the Hindus of Guadeloupe, India, the countries of the southern Caribbean and the Mascarene Islands open new pathways of knowledge on plants and their uses. These exchanges favored the introduction of numerous plant species that gradually spread in the gardens, in the context of a contact between "creole" Hindu practices and the circulation of more globalized Brahmanical knowledge. The spread of plants and the transmission of knowledge, at different times, between India and the islands of the West Indies and the Mascarenes, shape a particular relationship to the garden, seen as a place of intimacy and deployment of a singular belonging to the world. The present thesis is an attempt to illustrate the process of creolization, starting from gardens and Hindu places of worship, under a particular variable : that of temporality.