« Le crime ne paie pas » : les Groupes d'Intervention Régionaux de la police judiciaire : sociologie politique de la construction d'une institution au succès improbable / Marion Guenot ; sous la direction de Violaine Roussel et de Odile Henry

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Police criminelle -- France

Économie souterraine -- Lutte contre -- France

Administration publique -- Gestion -- France

Socialisation professionnelle -- France

Roussel, Violaine (19..-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Henry, Odile (Directeur de thèse / thesis advisor)

Gaïti, Brigitte (1959-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Spire, Alexis (1973-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Maillard, Jacques de (1972-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Kaluszynski, Martine (1958-....) (Membre du jury / opponent)

Université de Paris VIII (1969-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Pratiques et théories du sens (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 1992-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Cette thèse s’intéresse au travail des GIR, qui rassemblent des policiers, gendarmes, douaniers, inspecteurs de la douane, des impôts, du travail, du recouvrement de l’URSSAF et de la CPAM face à « l’économie souterraine » ou « patrimoine criminel ». Entre 2014 et 2017, j’ai enquêté par observation, entretiens, travail sur archives policières dans trois GIR et leurs juridictions ; et par questionnaire sur la promotion 2016 de la formation « enquêteur GIR ». Créés en 2002, les GIR ont prêté à controverse, étant l’élément-phare de la communication de N. Sarkozy sur les banlieues. Les professionnels recrutés dans les GIR ont conquis leur autonomie en élaborant un nouveau champ d’activité pénale permettant de viser des biens de grande valeur : « le patrimoine criminel » des délinquants aguerris ou appartenant aux milieux aisés. Les policiers, qui apprennent à mener ces procédures atypiques « sur le tas », définissent et mettent en œuvre des catégories de jugement sur la richesse, la pauvreté et l’immoralité de la recherche de profit à partir de leurs propres valeurs et pratiques économiques. La thèse montre comment ces équipes très hétérogènes parviennent à fabriquer et défendre un objectif commun, non prescrit, répondant aux principes d’une justice redistributive. Pour que leurs affaires réussissent, dans un univers professionnel encore peu acquis à leur cause, les agents des GIR développent des compétences de « diplomates » et de « VRP » du « patrimoine criminel ». Ainsi, ces groupes constituent un cas intéressant de « management par le projet » dans les institutions régaliennes.

Résumé / Abstract : This thesis focuses on the GIR, which bring together policemen, customs officers, customs inspectors, tax inspectors, labor inspectors, agents of the recovery of the social security contributions, and their work: the fight against the “underground economy” or “criminal property”. This work is based on observation, interviews, work on police archives in three GIR between 2014 and 2017 and their jurisdictions; and by questionnaire survey on the 2016 promotion of the “GIR investigator” training. Created in 2002, the GIR have been controversial, being exploited politically against the French suburbs. The professionals recruited in the GIR have built their autonomy by developing a new field of activity: seizure of criminal gains. Agents, who learn this atypical work “on the job”, define and implement categories of judgment on the wealth, poverty and immorality of profit seeking based on their own values and economic practices. The thesis shows how these very heterogeneous teams manage to create and defend a common goal responding to the principles of a redistributive justice. In order to attain their aim, GIR agents develop the skills of “diplomats” and “salespersons” of the “criminal property”. These groups constitute an interesting case of "project management" in the sovereign institutions.