Date : 2021
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Résumé / Abstract : "Le concept de violences obstétricales (VO) a été introduit dans les années 1990 en Amérique Latine. En 2018 en France, le Haut conseil à l’égalité hommes femmes a identifié «6 types d’actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical, dont certains relèvent des violences ». L’objectif de cette recherche est d’explorer les représentations des femmes se déclarant victimes de VO dans la construction de leur parentalité, et de la relation aux soins. Méthode : Il s’agit d’une étude qualitative, utilisant la méthode de la théorie ancrée. 12 entretiens semi-directifs ont été menés auprès de participantes ayant accouché et se déclarant victimes de VO, recrutées via les réseaux sociaux. Résultats : Les participantes ont d’abord décrit ce qu’elles avaient vécu comme violent dans leur prise en charge : un manque d’information, un non-respect du consentement, une non prise en compte de leur douleur, et un accompagnement inadéquat au cours de leur accouchement et dans le post partum. Suite à leurs expériences, les participantes ont construit différentes représentations. La relation soignant-soignée est considérée en termes de lutte et de domination au sein de la maternité devenue un champ de bataille. Ces interactions ont participé à la construction de leur image maternelle, plus ou moins légitime et compétente face à leur nouveau-né. Les participantes attribuaient aux VO un impact variable sur la relation à leur nouveau-né : pour certaines cela a induit des mouvements de rejet, pour d’autres des conduites de surprotection. Certaines ont fait le constat que leur enfant était très demandeur de contact physique, et font un lien de causalité avec les VO. La place du partenaire lors de l’accouchement semble mal définie, et les participantes estiment que l’expérience des VO a pu avoir une influence négative ou positive sur leur couple. Enfin, il est apparu que des participantes ont trouvé un apaisement dans l’acte de témoignage et le contact avec les milieux militants sur les réseaux sociaux. Discussion : La question de la responsabilité dans les VO nécessite une approche individuelle mais aussi systémique. Les conditions de travail des soignants, et la protocolisation des soins y participent et peuvent entraver la conduite du travail sentimental attendu des soignants. L’expérience des VO a modifié la vision du soin des participantes, qui ont développé une critique de la relation soignant-soignée, en y intégrant des arguments issus des mouvements féministes. Les participantes exprimaient un vécu traumatique des VO, potentialisé par les éléments de vulnérabilité personnels, qui a eu des conséquences sur la construction de leur parentalité. Bien que le vécu de la parentalité soit multifactoriel, l’expérience d’une position passive, infantilisée et maltraitée, mêlée à la situation de vulnérabilité inhérente au post partum a également pu mettre en difficulté les participantes dans cette maternité. Enfin, l’apport thérapeutique du témoignage et de l’utilisation des réseaux sociaux est discuté. Plusieurs pistes sont à explorer pour améliorer la communication soignant-soignées : une meilleure utilisation du projet de naissance, l’amélioration de la préparation à l’accouchement, le renforcement de l’accompagnement post partum. La principale limite de cette étude est le mode de recrutement, biaisé par le rôle militant des collectifs l’ayant relayé. La force de cette étude est l’éclairage qu’elle apporte sur la construction de la parentalité des participantes. Conclusion : Les VO identifiées par les participantes ont eu un impact sur leur représentation de leur relation aux soignants, et de leur parentalité. Le recrutement a mis en avant des femmes pour qui l’expérience a conduit à intégrer des réseaux sociaux militants."