Date : 2020
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Systèmes d'enseignement -- Dans les représentations sociales
Classification Dewey : 306
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Résumé / Abstract : Intangible pilier de toute société, la langue est un objet éminemment politique, intimement lié aux systèmes de croyances régissant nos pratiques quotidiennes et institutions. Le cas de la France, modèle exponentiel de monolinguisme étatique depuis la Révolution de 1789, soulève les enjeux d’une gestion homogénéisante de la diversité à l’aune des dynamiques supranationales et mondialisantes de l’après-guerre. Lorsqu’est votée sa départementalisation en 1946, la Guadeloupe — colonie française depuis 1635 — prend ainsi la voie d’une francophonie exclusive, a priori indissociable de la citoyenneté nouvellement acquise. Le processus dit assimilationniste opère alors à la jonction du couple formé par l’Ecole républicaine et la fonctionnarisation massive de la population active. Dans l’imaginaire collectif, le français devient langue de la réussite et le créole, obstacle social et cognitif. La francisation de l’archipel va donc de paire avec sa décréolisation ; non sans conséquence sur le développement et les constructions identitaires des apprenants scolarisés (dont les premières cohortes sont majoritairement créolophones). Partant de ce constat, la présente thèse mobilise une méthodologie résolument empirique et un cadre théorique transversal qui relie l’approche par les référentiels de politiques publiques (Jobert & Muller, 1987) au concept de glottopolitique (Guespin & Marcellesi, 1986). Les travaux menés interrogent notamment la posture glottopolitique de l’enseignant — que la double casquette de fonctionnaire-praticien érige en médiateur de référentiels tant globaux que locaux ou sectoriels — et sa capacité à re/configurer les représentations des langues en présence.
Résumé / Abstract : An intangible pillar of all societies, language is utterly political and intertwined with the belief systems underlying daily practices and interactions as well as the establishment. The French model of State monolingualism — which has prevailed exponentially from the French Revolution onward — is a textbook case of cultural homogenisation being challenged by the supranational and globalising dynamics at work after World War II. Upon becoming an overseas department in 1946, Guadeloupe — a French colony since 1635 — entered an exclusive relationship with the national language; the alleged price to pay for full-fledged citizenship. Thus, the assimilation process took place at the junction of public education and widespread government job creation. Hence the collective psyche started viewing French as the key to success and Creole as a social and cognitive hurdle. From the archipelago’s francisation ensued its decreolisation; with dire consequences on learners’ performance and identity building (especially as the first generations to attend public school spoke predominantly Creole). Against this backdrop, this thesis relies on markedly empirical research methods and a cross-sectional theoretical framework — linking a French approach to public policy analysis based on the concept of “référentiels” or frames of reference (Jobert & Muller, 1987) and the notion of glottopolitics (Guespin & Marcellesi, 1986). It focuses in particular on the glottopolitical stance of teachers who, as civil servants and outreach workers, stand at the crossroads of global, local and sectoral frames of reference — as well as their capacity to re/engineer sociolinguistic constructs.