Le pouvoir des rapports : la Cour des comptes, du jugement des comptes à l'évaluation des politiques publiques (années 1950 – années 2010) : contribution à une histoire des grands corps de l'État / Thomas Lépinay ; sous la direction de Brigitte Gaïti

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

France -- Cour des comptes -- 20e siècle

Fonction publique -- France

Hauts fonctionnaires -- France

Classification Dewey : 352.43

Gaïti, Brigitte (1959-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

François, Bastien (1961-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Descamps, Florence (1965-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Eymeri-Douzans, Jean-Michel (1969-.... ; politiste) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Carpenter, Daniel P. (1967-.... ; politiste) (Membre du jury / opponent)

Bezes, Philippe (1968-.... ; politiste et sociologue) (Membre du jury / opponent)

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (1971-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale de science politique (Paris ; 1992-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....) (Equipe de recherche associée à la thèse / thesis associated research team)

Résumé / Abstract : Entre l’après-guerre et le début du XXIe siècle, la Cour des comptes, grand corps de l’État dont les membres ont pour la plupart compté parmi les meilleurs élèves de l’ENA, a connu une trajectoire singulière : autrefois cantonnée au jugement des comptes publics, elle a progressivement étendu ses missions vers des tâches réputées plus politiques. De surcroît, ce changement ne s’est pas fait dans la discrétion : la Cour est devenue dans le même temps une institution fortement médiatisée. En d’autres termes, les magistrats ont construit de nouveaux publics, ont renouvelé leur profession et ont déplacé la « frontière » entre le politique et l’administratif. Au rebours des approches traditionnelles sur les grands corps de l’État, qui tendent à mettre l’accent sur les circulations des membres hors de l’institution, l’hypothèse développée est que les membres du corps ont modelé leur travail quotidien dans les murs, c’est-à-dire l’écriture de rapports, pour renforcer leur position au sommet de l’État. La thèse interroge ainsi les évolutions des formes de contrôle de la Cour en les contextualisant dans les transformations de l’État. Elle examine ensuite la manière dont les acteurs ont fait reconnaître leur expertise par des publics variés. Elle entre enfin dans la boîte noire de la production et de la réception des rapports, pour comprendre comment une institution peut être durablement reconnue comme « lieu neutre ». L’approche retenue utilise les outils de la sociologie des institutions et de la réputation organisationnelle. Elle exploite divers matériaux : entretiens, archives écrites et orales, observations, analyse de la presse et de rapports publics.

Résumé / Abstract : Between the 1950s and the beginning of the 21st Century, the Cour des comptes (the French Audit Office), an administrative and financial court and grand corps de l’État whose members are primarily recruited among the top-students of the École nationale d’administration (ENA), has had a peculiar trajectory. While its mandate previously entailed verifying the proper handling of public money, it gradually expanded to include duties deemed more political, such as evaluating public policies. Furthermore, the Cour became a highly-publicized institution. In other words, the magistrates modernized their role, gained new audiences (Parliament, media) and blurred the line between bureaucracy and politics. Eschewing traditional approaches of the grands corps de l’État that focus on how agents circulate within and outside the French State, this dissertation argues that Cour members have institutionalized their auditing and report writing duties in order to strengthen their position at the highest levels of the State. It draws on interviews, oral histories, written archives, ethnography and the analysis of press and official reports, and combines sociological approaches of organizational reputation and institutions. This work first shows how, within a broader context where the State itself was transforming, the role of the magistrates changed as the Cour’s power evolved. It then explains how new and more diverse audiences legitimated and used the expertise of the Cour. Finally, it examines how official reports are produced and received, and in such analyzes how a public institution can lastingly be recognised as “neutral”.