Date : 2021-
Format : 1 ressource dématérialisée
Type : Périodique / Serial
Langue / Language : français / French
Classification Dewey : 152.405
Classification Dewey : 301.072
Classification Dewey : 152.072
Relation : Sensibilités : histoire, critique & sciences sociales / Paris : Anamosa , 2016-
Résumé / Abstract : La question des sensibilités s'offre aux sciences sociales non pas comme un objet, mais bien comme une démarche de connaissance. Interroger les pratiques sociales de perception, explorer la formation des liens affectifs et les modalités qui règlent les émotions, questionner l'exercice de goûts qui souvent s'ignorent en tant que goûts, c'est se doter d'un puissant outil d'intellection des sociétés présentes et passées. Mais c'est aussi s'offrir une autre traversée du politique, du social, de l'économie, des sciences, des arts et de ce qui les sépare. Au vrai, il ne suffit pas de dénoncer le biais rationaliste qui habite les sciences sociales. Celui qui, au mépris des passions, des humeurs, des sens ou encore des automatismes du corps, tend à saisir les activités des hommes et les relations qu'ils nouent entre eux au seul prisme de mécanismes raisonnés et raisonneurs. Il ne suffit pas non plus de montrer que les sensibilités – éthiques, esthétiques, affectives – trament en permanence ces activités et ces relations. Il importe surtout de saisir que les façons de voir, de sentir, de s'attacher, d'apprécier ou de détester sont tout à la fois le lieu d'apprentissages et d'appropriations et le fruit de rapports de pouvoir. Ce qu'il faut aussi, c'est comprendre ce qui, dans des sociétés précises, pour des acteurs précis et dans des circonstances précises, peut bien faire des sensibilités le principe à partir duquel se vit, s'organise, se discute, se justifie ou s'interprète collectivement telle ou telle activité humaine. Et par là découvrir comment les sensibilités interviennent, comme sens pratique et mode descriptif, dans la construction d'un monde à leur mesure. Une telle démarche n'a rien d'un pur décret scientifique ; elle est le produit d'une double exigence. Celle, d'abord, de mieux saisir l'actuelle importance des ressorts sensibles de la vie collective, du gouvernement par les émotions qui fonctionne à présent comme une raison à part entière dans l'espace public, de la nécessité d'émouvoir pour convaincre, de faire sentir pour faire comprendre. Autant de motifs qui font un devoir aux sciences sociales de s'emparer de la question des sensibilités pour faire d'elle l'endroit d'une interrogation savante sur les modes d'organisation du monde. Mais la nécessité est aussi d'un autre ordre : adopter pareil regard, c'est se donner l'occasion de questionner et de prolonger l'important et disparate héritage « critique », dont les sensibilités n'ont pas cessé d'être le lieu – qu'il s'agisse de décrire et d'interroger le refoulement des pulsions, la civilisation des mœurs, les logiques sociales de l'habitus et de l'acceptation du monde comme il va ou encore les formes de présentation de soi. C'est toute l'ambition de la revue Sensibilités. Histoire, critique & sciences sociales que de se tenir à la croisée des savoirs. Il s'agit de faire exister un espace de recherches, mais aussi d'exposition et de confrontation des méthodes, de relecture de travaux « classiques » et – parce que l'intellection des choses sensibles ne se sépare pas d'une réflexion sur les formes sensibles – d'expérimentation des modes de récit. Il s'agit aussi de mettre en circulation, depuis l'univers des savoirs, et au-delà de lui, les principes d'une élucidation critique qui libère la possibilité subversive de dire, de penser et même de faire le monde autrement (fre)