Des enjeux planétaires aux perceptions locales du changement climatique : pratiques et discours au fil de l'eau chez les Sherpa du Khumbu (région de l'Everest, Népal) / Ornella Puschiasis ; sous la direction de Joëlle Smadja et de Frédéric Landy

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Changements climatiques

Sherpa (peuple tibétain)

Himalaya (Népal)

Classification Dewey : 910

Smadja, Joëlle (1955-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Landy, Frédéric (1963-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Collignon, Béatrice (1965-.... ; géographe) (Président du jury de soutenance / praeses)

Graefe, Olivier (1965-...) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Aubriot, Olivia (1965-....) (Membre du jury / opponent)

Brower, Barbara Anne (Membre du jury / opponent)

Chevallier, Pierre (1953-.... ; hydrogéologue) (Membre du jury / opponent)

Université Paris Nanterre (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : La région de haute montagne népalaise de l’Everest (Khumbu) est devenue un lieu emblématique de la diffusion des discours scientifiques et médiatiques sur le changement climatique en Himalaya. Les images de fonte des glaciers y alimentent une rhétorique alarmiste sur l’avenir de la ressource en eau et de sa disponibilité pour les populations himalayennes, cependant de nombreuses incertitudes demeurent. L’interprétation des modèles climatiques se heurte au manque de fiabilité des données et aux échelles appréhendées. Dans cette thèse, en interrogeant les habitants sur leurs pratiques impliquant la ressource en eau et sur leur perception du climat, nous apportons un éclairage susceptible de compléter ces modèles. Les variations du climat et leurs conséquences sur les usages et la gestion de l’eau sont étudiés en combinant les échelles et les disciplines, en confrontant des données relevant de l’hydrologie comme de la géographie, et en les replaçant dans un contexte où les changements sont aussi d’ordre social, économique et culturel. Les Sherpa ne se réduisent plus seulement à l’image de bouddhistes et de guides de haute montagne, ils constituent aujourd’hui une société fortement interconnectée depuis le virage touristique du Khumbu engagé dans les années 1950. L’étude de la gestion de l’eau révèle des logiques d’organisation et de restructuration d’un espace touristique fortement orienté vers l’international. Et il apparaît que les changements d’usages de l’eau au cours des dernières décennies sont davantage associés à l’insertion des habitants dans cette économie touristique qu’à des réponses au changement climatique. Les variations climatiques semblent donc être des préoccupations minimes à l’échelle locale tandis qu’elles alimentent les inquiétudes à une échelle mondiale. Ce décalage et les déformations discursives qui s'opèrent contribuent à alimenter un climat de tension dans la région où se pressent chercheurs, journalistes et experts internationaux.

Résumé / Abstract : The region of the Everest high mountains in Nepal (Khumbu) became an emblematic place of the broadcast of science and media narratives about climate change in the Himalayas. The pictures of the glaciers melting feed an alarmist rhetoric on the future of water resources and its availability for the population of the Himalayas. However there are many uncertainties. The interpretation of climate models faces the lack of reliability of the data and at the featured scales. In this thesis, by questioning the population about their habits on water resource and their perception of climate, we bring a highlight prone to fill these models. The climate change and its consequences on water use and management are studied by combining the scales and disciplines, by comparing some data from hydrology as well as geography and by replacing them in a context where the changes are also of social, economic and cultural order. The Sherpas are not only seen as Buddhists and high mountains guides but are nowadays a highly interconnected society since the touristic turn that happened in Khumbu in the 1950’s. The study of water management reveals some organisational and restructuring logics of a touristic space highly headed for the international. It appears that the changes of water use during the last decades are rather lied to the insertion of inhabitants in this touristic economy than a response to the climate change. The climate variations seem to be minor concerns at the local scale whereas they feed worries at the global scale. This discrepancy and the ongoing narratives’ distortions contribute to create a climate of tensions in this region where researchers, journalists and international experts are rushing.