Évaluation des niveaux d'exposition et des effets toxiques des peintures polyuréthannes chez les peintres en réparation automobile / Eric Laporte ; [sous la dir. d'Anne Maître]

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Carrossiers -- Risques pour la santé

Maladies professionnelles -- Enquêtes

Polyuréthanes -- Toxicologie

Isocyanates -- Toxicologie

Peinture (produit chimique)

Classification Dewey : 610

Maître, Anne (1961-.... ; auteure en médecine) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Mallion, Jean-Michel (1940-.... ; professeur de médecine) (Président du jury de soutenance / praeses)

Université Joseph Fourier (Grenoble ; 1971-2015) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Évaluation des niveaux d'exposition et des effets toxiques des peintures polyuréthannes chez les peintres en réparation automobile / Eric Laporte ; [sous la direction d'Anne Maître] / , 1995

Résumé / Abstract : Les peintres en réparation automobile utilisent quasi exclusivement des peintures polyuréthannes bicomposants. Les durcisseurs de ces peintures peuvent contenir jusqu'à 40 % d'isocyanates, famille qui représente la première cause d'asthme chimique professionnel. Les mélanges de solvants contenus aussi bien dans le durcisseur que dans la base acrylique ou dans le diluant, présentent des risques toxiques systémiques, que ce soit sur le plan neurologique ou à un moindre degré hépatique ou rénal. La première partie de ce travail est constituée d'une étude du poste de peintre en réparation automobile complétée par une métrologie atmosphérique, pour évaluer les risques toxiques dus aux isocyanates et aux solvants lors des différentes phases de l'activité de peinture. Les concentrations atmosphériques de polyisocyanates sont élevées au moment de la pulvérisation des polyuréthannes, que ce soit pour les peintures et les vernis appliqués en cabines fermées à ventilation verticale, ou pour les apprêts pulvérisés en cabines ouvertes. De ce fait, le port d'une protection respiratoire efficace est impératif : masque à cartouche combinée (charbon actif plus filtre), voire cagoule à adduction d'air pour les opérations très polluantes, comme les intérieurs de coffres ou de véhicules. Le risque solvant, essentiellement représenté par des mélanges d'hydrocarbures aromatiques et d'esters, est élevé pendant la pulvérisation de la peinture mais aussi pendant sa préparation et pendant le nettoyage du matériel. En plus de la protection respiratoire nécessaire pendant la pulvérisation, le port de gants s'impose pendant toute l'activité de peinture. De plus, une hotte aspirante doit être mise en place au dessus de la table de préparation de la peinture. Cette évaluation des risques toxiques nous a permis d'établir un questionnaire technique et médical spécifique du poste de carrossier peintre. Ce questionnaire est utilisé dans le cadre de la surveillance médicale des artisans peintres de la région Rhône-Alpes, assurés auprès de la CMR des Alpes. La deuxième partie de ce travail expose les résultats de la consultation de 124 peintres et les améliorations à apporter au protocole de surveillance. Cinq peintres présentent un asthme évolutif dont quatre sont certainement imputables aux isocyanates. Des signes irritatifs oculaires, ORL et trachéo-bronchiques sont retrouvés dans un tiers des cas avec une imputabilité professionnelle probable pour près de la moitié d'entre eux. Le port systématique d'une protection respiratoire adaptée a été conseillé, et la surveillance longitudinale permettra d'étudier l'incidence de l'asthme dans ce groupe à risque. Il serait souhaitable de les suivre annuellement plutôt que tous les quatre ans. Douze peintres présentent une dermite irritative au niveau des mains pour laquelle le port de gants a été conseillé. Vingt-trois pour cent des peintres ont une tension artérielle élevée qui sera recontrôlée et prise en charge par le médecin généraliste. Du fait de la fréquence des signes fonctionnels neurologiques (18 % pour les signes centraux et 17 % pour les signes périphériques), il est nécessaire de mettre en place une batterie de tests neuropsychiques dans le cadre du dépistage du psychosyndrome aux solvants. Des modifications du bilan hépatique sont observées dans 60 % des cas mais aucune relation statistique n'a pu être mise en évidence avec l'activité de peinture. Cinq peintres présentent une protéinurie dont trois ont une étiologie potentiellement professionnelle. L'utilisation d'une bandelette pour détecter la microalbuminurie serait souhaitable dans le cadre du dépistage d'une glomérulopathie chronique aux solvants. Les conseils personnalisés délivrés le jour de la consultation vont être complétés par une information au niveau du groupe professionnel. Cette démarche préventive sera évaluée lors de la prochaine consultation. Le suivi longitudinal de cette population est intéressant mais nécessite la mise en place d'un groupe témoin pour évaluer l'incidence respective des pathologies dans les deux groupes.