Approche lexicologique et syntaxique de la langue vietnamienne classique en écriture démotique (Nôm) : à partir de textes traduits du chinois classique (文 言 Văn ngôn) / Jean-Claude Ginhoux ; sous la dir. de Michel Fournié

Date :

Editeur / Publisher : [S.l.] : [s.n.] , 2008

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Vietnamien (langue) -- Écriture -- Histoire

Caractères chinois -- Vietnam -- Lexicologie

Caractères chinois -- Vietnam -- Syntaxe

Fournié, Michel (19..-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Institut national des langues et civilisations orientales (Paris ; 1971-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Résumé / Abstract : Cette thèse se veut une approche globale de la langue classique vietnamienne dans ses dimensions lexicale et syntaxique. En l’absence d’études dans une langue européenne sur ce sujet, qui nous aurait fourni un point de départ, il nous est apparu qu’une approche portant sur une problématique visant à dégager les lois syntaxiques du vietnamien classique à partir des traductions de textes chinois en vietnamien et la comparaison du texte original et de sa traduction constituaient la voie la plus sûre et la plus simple. Les conditions que devaient remplir ces traductions ont été dégagées et qualifiées de « minimales ». Il s’agit de traductions en vietnamien classique de textes de chinois classique obéissant à des modifications minimales du texte chinois qui permettent de rendre un texte chinois dans un vietnamien correct. La propriété commune au chinois et au vietnamien classiques d’être des langues isolantes et monosyllabiques dont la structure syntaxique est assurée par les mots-outils nous autorisait une telle approche. Ainsi, par exemple, dans ce vers pris au hasard chez Nguyên Trai 朋 碎 市 所 益 蒸 民 , bằng tôi nào thửa ích chưng dân, «quelle est l’utilité d’un homme comme moi pour peuple?», la question est de savoir quels rôles jouent les mots-outils 朋, 所, 蒸 rendus respectivement par bằng, thửa, chưng. En l’absence de référence, c’est-à-dire, en l’occurrence, d’un texte chinois dont ce vers serait la traduction, il paraît difficile de répondre à un tel questionnement. Notre hypothèse de recherche est, donc, que si ce vers était la traduction d’un vers chinois, les trois mots-outils vietnamiens 朋, 所, 蒸 rendraient vraisemblablement des mots-outils chinois dont la fonction dans la phrase chinoise devrait permettre d’inférer celle des mots-outils vietnamiens dans la phrase vietnamienne. Le corpus de textes chinois et de leur traduction en vietnamien, de périodes différentes, à savoir du quinzième siècle et seizième siècle, confère à notre étude une valeur diachronique qui nous a permis d’aborder certains aspects de l’évolution de la langue vietnamienne. La question de la formation des caractères proprement vietnamiens ou Nôm a été abordée dans une double perspective : Perspective chronologique d’abord qui décrit les tâtonnements des premiers traducteurs vietnamiens chargés de rendre leur propre langue à partir de caractères chinois qui n’étaient pas forcément adaptés à la phonétique vietnamienne. Cette période que nous avons qualifiée de pré-classique s’est traduite, dans le domaine lexical, d’abord par une forme de bissyllabisme relatif, abandonnée ultérieurement, et ensuite par un recours très important aux emprunts au détriment de la création de nouveaux caractères proprement vietnamiens. Perspective heuristique, enfin qui a démontré que la problématique de formation des caractères Nôm – qui devait se développer après les tâtonnements de la période pré-classique - était la même que celle qui avait sous-tendu celle des caractères chinois. On a pu conclure que caractères chinois ou vietnamiens relevaient, formellement, d’une structurre commune. Les caractères Nôm ne sont qu’une extension à l’usage du vietnamien des caractères de type chinois. Rien n’aurait interdit à la langue chinoise d’en user si le besoin s’en était ressenti, rien n’interdirait la compilation d’un dictionnaire commun qui serait celui d’une extension maximale du domaine des caractères chinois.

Résumé / Abstract : A global approach of the classic vietnamese language through its lexical and syntaxic dimensions. In the absence of any studies in european language on this subject, which might have provided us a starting point, we assumed that an approach aiming to extricate the syntaxic laws of classical vietnamese from vietnamese translations of chinese texts and the comparaison of this texts to each others constituted the simplest and surest approach. The conditions required for these translations were first identified and qualified as "minimal". Indeed, these texts are translations of classical chinese texts in classical vietnamese, complying to minimal modifications of the chinese text, giving back, however, a text in a correct vietnamese. Moreover, the classical chinese and vietnamese common quality of being analytic and monosyllabic languages, whom semantic structure is insured by function words, allowed us this kind of approach. For exemple, in the verse taken randomly from Nguyên Trai, 朋 碎 市 所 益 蒸 民, bằng tôi nào thửa ích chưng dân, "what is the usefulness of a man like me for the people?", the question is to know what is the role of the function words 朋, 所, 蒸 translated respectively by bằng, thửa, chưng. In the absence of any reference, the question cannot be answered. Our word hypothesis is that if this verse were the translation of the chinese verse, these function words 朋, 所, 蒸 would be the translation of chinese function words whom function in the chinese sentence would allow us to infer the corresponding one in the vietnamese sentence. Furthermore, the choice of chinese texts, that had been translated at different periods (XVth and XVIth centuries), gave to our study a diachronic value, that allowed us to address several aspects of vietnamese language evolution. The question of the vietnamese characters formation or Nôm was addressed with two perspectives: a chronological perspective first, complemented by a heuristic perspective. In the chronological perspective, we described the initial attemps of the first vietnamese translaters, that were supposed to express their own language from chinese characters, that were not necessarily suited to the vietnamese phonetic. This period, that we qualified as pre-classical, is characterized lexically by a form of relative bisyllabism, abondoned latter on, and by a important use of borrowings, that were detrimental to the creation of new proper vietnamese characters. The heuristic perspective showed us that the problematic of Nôm characters formation (that should have developed after the initial attemps of the pre-classical period) was the same problematic as the one underlying the formation of the chinese characters. We can conclude that vietnamese or chinese characters belong to a common corpus. Finally, Nôm characters are just an extension of chinese characters for the use of vietnamese language. Nothing would have forbidden to the chinese language to use Nôm characters if needed. Also, practically speaking, this study will favor the compilation of a common dictionnary which would be that of a common language.