Les ressentiments de la société du travail : la Couverture Maladie Universelle en quête de légitimité / Sacha Leduc ; [sous la dir. de] Danièle Linhart

Date :

Editeur / Publisher : [S.l.] : [s.n.] , 2008

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Couverture maladie universelle -- France

Sécurité sociale -- Politique publique -- France

Santé -- France

Contrôle

Linhart, Danièle (1947-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Université Paris Nanterre (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Les ressentiments de la société du travail : la Couverture Maladie Universelle en quête de légitimité / Sacha Leduc ; [sous la direction de] Danièle Linhart / Lille : Atelier national de reproduction des thèses , 2008

Résumé / Abstract : Mise en vigueur le 1er janvier 2000, la Couverture Maladie Universelle achève le processus de généralisation de la couverture maladie à l’ensemble de la population sur critères de résidence. Mais si la CMU répond, dans son essence, à l’abolition des inégalités, elle opère également un changement important des modes de solidarité collective. Détachée de toute activité professionnelle, la CMU rompt avec le principe français de Sécurité sociale, à savoir la solidarité interprofessionnelle et intergénérationnelle assurée par la cotisation. Si cette prestation déconnectée du travail apparaît pour certains comme une avancée fondamentale, elle connaît rapidement une crise de légitimité notamment auprès de ceux qui la dispensent. Les observations menées au sein de différents centres de paiement de l’Assurance maladie ont ainsi révélé l’existence d’un fort ressentiment chez de nombreuses techniciennes à l’encontre des bénéficiaires de prestations déconnectées du travail. Ces ressentiments pouvant amener à des pratiques de contrôles informels, voire illégaux, qui prennent appui sur des constructions subjectives et morales des populations bénéficiant de ces droits. Ce travail de thèse s’attache à déconstruire les ressorts de ce ressentiment à partir d’une analyse de la nature du droit, de la réalité du travail des prestataires de ce droit, du contexte sociopolitique et des logiques de distanciations et de discriminations observées.De la simple suspicion au racisme ordinaire, le ressentiment qui varie selon les dispositions sociales des techniciennes, apparaît alors comme l’expression individuelle de craintes collectives quant à la place et au sens du travail dans notre société.

Résumé / Abstract : The “Couverture Maladie Universelle” (universal health care), which came into effect on January 1rst, 2000, completes the extension of health care to the whole population. If the CMU means, by nature, the abolition of inequalities, it also operates a significant change in collective solidarity. Disconnected from any work activity, the CMU breaks with the French principle of “Sécurité sociale” (social insurance), namely inter-professional and inter-generational solidarity guaranteed by the contribution. If some perceives this service as a major breakthrough, the agents providing it might have doubts about its legitimacy. Observations carried out within many different payment centers of the Health Insurance Services thus revealed that much of the insurance staff felt strong ressentiment towards the beneficiaries of these health care services not based on any work activity. These ressentiments sometimes lead to informal or even illegal controls that rely on a subjective and moral perception of the population benefitting from these rights. Based on an analysis of the concept of the CMU right, the work of CMU providers, the sociopolitical context and logics of discriminations, this thesis focuses on the ressentiment factors. From suspicion to ordinary racism, ressentiment varies according to the social background of the agents. Therefore it appears as an individual expression of collective fears regarding the meaning of work in our society.