La parole contre les mythes : les dissidents de Russie (1968-1987) / Cécile Vaissié ; sous la direction de Hélène Carrère d'Encausse

Date :

Editeur / Publisher : [S.l.] : [s.n.] , 1999

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Dissidents -- URSS -- 1945-1990

Intellectuels -- Activité politique -- URSS -- 1970-....

Répression politique -- URSS -- 1970-....

Droits de l'homme -- URSS -- 1970-....

Camps de concentration -- URSS

Carrère d'Encausse, Hélène (1929-2023 ; politiste) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Institut d'études politiques (Paris ; 1945-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Pour votre liberté et pour la nôtre : le combat des dissidents de Russie / Cécile Vaissié / Paris : Robert Laffont , DL 1999

Relation : La parole contre les mythes : les dissidents de Russie 1968-1987 / par Cécile Vaissié / Lille : Atelier national de reproduction des thèses , [2000]

Résumé / Abstract : La disproportion entre les répressions que subissent les dissidents de Russie et leur action impose de se demander en quoi quelques personnes, peu nombreuses et non violentes, peuvent inquiéter ce qui serait l'une des deux grandes puissances mondiales et inciter l'opinion publique occidentale à modifier profondément son regard sur l'URSS. Pour répondre à cette interrogation, cette thèse s'appuie essentiellement sur les textes rédigés par les dissidents en Russie (revues samizdat, pétitions, lettres a diverses instances, essais, documents...) et les autobiographies de dissidents. Une trentaine d'entretiens ont également été menés. Le discours du pouvoir a été analysé grâce aux articles publiés dans la presse centrale, à des autobiographies récentes et aux publications de certains fonds d'archives. En fait, la dissidence qui se définit par des principes - une action pour et dans la légalité, le refus de la violence, la transparence - et revendique sa vocation éthique, n'est pas une opposition directe à un pouvoir qu'elle ne remet généralement pas en cause dans sa totalité. Par contre, parole autonome, plurielle, diverse, voire contradictoire, elle pose un défi insoutenable à ce qui n'est pas tant un pouvoir totalitaire qu'une logocratie. Les dissidents défendent les personnes persécutées à cause de leurs idées et, au delà de ces individus, les droits, reconnus dans le discours mais confisqués dans la réalité par le pouvoir. Ce faisant, ils soulignent l'écart entre la réalité proclamée et la réalité existante et mettent à nu la nature essentiellement mythique du pouvoir. Le pouvoir place également la parole au cœur de l'affrontement et établit un rapport causal direct entre le reniement et la remise en liberté. Il convient d'examiner les libérations de 1987 à cette lumière : c'est au moment où la parole dissidente triomphe et les mythes soviétiques s'écroulent que les dissidents semblent paradoxalement donner au pouvoir son ultime victoire

Résumé / Abstract : The disproportion between the repressions suffered by Russia’s dissidents and their actions makes one wonder, in what way some people, not very numerous and non-violent, could bother what was thought to be one of the world's two big powers, and how they could prompt the western public opinion to change profoundly its perception of the USSR. This thesis aims to answer this interrogation. It is mainly based on texts, written by dissidents in Russia (samizdat reviews, petitions, letters, essays, documents...) and on dissidents' autobiographies. More than thirty interviews were done. The power's speech is analyzed through articles published in the central press, recent autobiographies and some published archive documents. In fact, the Russian dissidence, which defines itself by its principles - action in and for legality, non violence, transparency - and claims an ethical vocation, is not a direct opposition : it does not usually question the power in its globality. However, as an autonomous, varied, even contradictory speech, it challenges what is not so much a totalitarian regime as a logocracy. Russia's dissidents help people, persecuted because of their opinions, and defend the rights, that the soviet power publicly acknowledges, but has in fact confiscated. They thus emphasize the gap between proclaimed and existing realities, and uncover the mythical nature of the soviet power. The power too places speech in the center of the confrontation and establishes a direct causal relationship between disavowal and liberation. This is precisely how the liberations of 1987 should be considered : when the dissidence's speech finally wins over and the soviet myths fall apart, the dissidents paradoxally seem to give the power its final victory