Les opportunistes : milieu et culture politiques, 1871-1889 / Jérôme Grévy ; dir. par M. Michel Winock

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Gambetta -- Léon -- 1838-1882

Ferry -- Jules -- 1832-1893

Partis politiques -- France -- 1870-1914

Républicanisme -- France -- 19e siècle

Opportunistes (Histoire de France)

Politique et gouvernement -- France -- 1870-1914

Classification Dewey : 944.081 2

Winock, Michel (1937-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Institut d'études politiques (Paris ; 1945-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Résumé / Abstract : Le terme opportuniste a perdu son sens originel ; il est utilisé abusivement pour designer tous les républicains non radicaux des trois dernières décennies du dix-neuvième siècle et pour qualifier une vague politique de conservation sociale. En réalité, dans les années 1870 et au début des années 1880, les opportunistes constituaient un groupe politique restreint et clairement identifiable, qui élabora un projet nettement réformiste et entreprit de structurer le parti républicain. Gambetta et ses amis proches, qui avaient combattu radicalement l'empire puis mené une guerre à outrance contre la Prusse, s'imposèrent progressivement, à partir de juillet 1871, à la tête des républicains. Ils écartèrent les vieux quarante-huitards, dont ils dénoncaient les programmes utopiques et révolutionnaires, et affirmèrent une ligne politique pragmatique, réformiste, gouvernementale tout en proclamant leur fidélité aux principes de 1789 et leur volonté de transformer progressivement la société. Pour éviter de réitérer les erreurs passées, ils entreprirent de discipliner le parti républicain. Leurs journaux, la "République française" et la "Petite République française", et le groupe parlementaire "l'Union républicaine" constituèrent des armes décisives pour coordonner l'action des comités électoraux et des associations républicaines dans tout le pays et furent les vecteurs de diffusion de la nouvelle image que les républicains voulaient donner. Les opportunistes permirent à la république de s'installer mais furent soumis à une double opposition républicaine, celle des radicaux et celle des modérés. Les premiers leur reprochaient d'avoir trahi leurs idéaux de jeunesse pour accéder au pouvoir, tandis que les seconds craignaient leur duplicité. Coalisés, ils leur barrèrent la route du pouvoir. Apres la mort de Gambetta, ses amis se réconcilièrent avec Ferry et constituèrent avec tous les modérés un vaste groupement peu structure, qui fut appelé par extension opportuniste.

Résumé / Abstract : The term opportunist has lost its original meaning. It is used, wrongly, to designate all non-radical republicans of the last three decades of the 19th century and to qualify a political wave of social conservatism. In reality, during the 1870s and the beginning of the 1880s the opportunists formed a restricted and clearly identifiable political group which elaborated a most reformist project and undertook the structuring of the Republican party. Gambetta and his close friends, who had fought the empire, and then led an extremist war against Prussia, imposed themselves little by little from July 1871 on at the head of the Republican movement. They eclipsed the old-school republicans whose utopic and revolutionary programs they denounced and maintained a pragmatic, reformist and governmental line while proclaiming their fidelity to the principles of 1789 and their desire to transform society progressively. To avoid repeating previous errors they tried to discipline the Republican party. Their newspapers, the "République francaise" and the "Petite République française" together with the parliamentary group, the "Union républicaine" were decisive arms to to coordinate the work of the election committees and the republican associations. The opportunists allowed the republic to be established but were also the butt of a double republican opposition coming from the radicals and the moderates. The former accused them of having betrayed the ideals of their youth and of being opportunists while the latter feared their duplicity. United together, they barred their road to power. After Gambetta's death, his friends became reconciled with Ferry and together with all the moderates made up a vast and little-structured group.