Aristote et la question du monde / Rémi Brague ; sous la direction de Pierre Aubenque

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Aristote -- 0384-0322 av. J.-C. -- philosophe -- Critique et interprétation

Aristote -- 0384-0322 av. J.-C. -- philosophe -- Influence

Aristote (0384-0322 av. J.-C.) -- Protreptique

Monde (philosophie)

Philosophie de l'homme

Ontologie

Aubenque, Pierre (1929-2020) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Université Paris-Sorbonne (1970-2017) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Aristote et la question du monde : essai sur le contexte cosmologique et anthropologique de l'ontologie / Rémi Brague / [Paris] : Presses universitaires de France , DL 1988

Relation : Aristote et la question du monde : essai sur le contexte cosmologique et anthropologique de l'ontologie / Rémi Brague / Paris : les Éditions du Cerf , 2009

Résumé / Abstract : Plusieurs aspects de la métaphysique, de la physique, de l'éthique et de la psychologie d’Aristote peuvent s'interpréter comme des affleurements d'un concept non-thématisé, celui d'être-dans-le-monde (l'in-der-welt-sein de heidegger). L’ensemble de la pensée grecque classique, même si elle était fascinée par l'ordre du cosmos, ne s'est guère demande ce que signifiait "être-dans-le-monde". L’expérience de la facticité, qui est un des traits fondamentaux de celle-ci, est ce qui permet à Aristote dans le protreptique, de justifier la vie philosophique ; mais il conçoit celle-ci comme culminant dans la contemplation, c'est-à-dire l'accès a ce qui est au plus haut point (ch. 2). Aristote est toujours resté pris dans cette ambiguïté, qui provient de ladite transposition : son éthique révèle ses hésitations entre deux sujets de l'agir moral : le "je" à qui il incombe d'agir de par ce qu'il a d'unique, le cédé a l'homme, tel qu'il est défini par sa place parmi les autres parties de l'univers (ch. 3 & 4). Par suite, il lui faut définir l'homme comme le plus mondain des êtres sublunaires : l'homme imite l'univers grâce à son universalité, et parce qu'il est capable de saisir les réalités les plus élevées (ch. 5). Cependant, Aristote ne peut définir le topos - ce dans quoi sont les choses- sans renvoyer à notre façon particulière d'être-là, même s'il réintroduit ensuite l'idée d'univers grâce à sa théorie des dimensions du corps humain comme fondées dans la structure objective du cosmos (ch. 6). Les difficultés de la définition aristotélicienne de l'âme ainsi que celles de la doctrine de l'intellect agent proviennent de la tentative d'Aristote pour transposer ce qu'il pense implicitement comme l'ouverture même du monde à travers notre présence dans le registre de la réalité mondaine-ce qui l'oblige à réduire l'âme à la conscience de ce qui se produit parmi les choses du monde (ch. 7). Il conçoit celui-ci d'une manière telle qu'elle l'amène à exclure le mouvement spécifiquement humain au profit de la continuité absolue des corps célestes. Cependant, la contemplation de soi du premier moteur reflète l'ambiguïté non résolue de l'energeia humaine : le pur acte d'être-là et l'activité de contempler le plus haut de tous les êtres s'y fondent (ch. 8). Malgré tout, l'energeia comme concept ontologique fondamental ne peut pas se définir en dehors de l'expérience humaine de l'être-là (ch. 9).

Résumé / Abstract : SOME ASPECTS OF ARISTOTLE'S METAPHYSICS, PHYSICS, ETHICS AND PSYCHOLOGY CAN BE ACCOUNTED FOR AS DIM ECHOES OF A CONCEPT A. NEVER DEALT WITH THEMATICALLY : BEING-IN-THEWORLD (HEIDEGGER'S IN-DER-WELT-SEIN). CLASSICAL GREEK THOUGH AS A WHOLE, ALTHOUGH IT WAS FASCINATED BY THE ORDERLINESS OF THE COSMOS, HARDLY ASKED WHAT BEING-IN-THE WORLD MEANS (CH.1). THE EXPERIENCE OF FACTICITY, WHICH IS ONE OF ITS MAIN FEATURES, ENABLES A. TO JUSTIFY PHILOSOPHICAL LIFE IN THE PROTREPTICUS, BUT HE CONCEIVES OF THIS LIFE AS FOCUSSING ON CONTEMPLATION, I.E. ACCESS TO WHAT EMPHATICALLY IS (CH.2). A. NEVER GOT RID OF THIS AMBIGUITY, WHICH ARISES FROM SUCH A TRANSPOSITION : HIS ETHICS BEAR WITNESS OF HIS HESITATING BETWEEN TWO SUBJECTS OF MORAL LIFE : THE I WHOM IT BEHOVES TO ACT, BECAUSE OF HIS UNIQUENESS, GIVES WAY TO MAN AS DEFINED BY HIS PLACE AMONG OTHER PARTS OF THE UNIVERSE (CH. 3 & 4). A. THEREFORE HAS TO DEFINE MAN AS THE WORLDLIEST OF ALL SUBLUNAR BEINGS : HE IMITATES THE UNIVERSE THANKS TO HIS UNIVERSALITY AND BECAUSE HE CAN GRASP THE HIGHEST BEINGS (CH. 5). NEVERTHELESS, A. CANNOT DEFINE TOPOS - THE PLACE IN WHICH THINGS ARE - WITHOUT HIS REFERRING TO OUR PACULIAR WAY OF BEING THERE, ALTHOUGH HE LATER BRINGS BACK THE IDEA OF UNIVERSE THROUGH HIS THEORY OF THE DIMENSIONS OF HUMAN BODY AS ROOTED IN THE OBJECTIVE STRUCTURE OF THE COSMOS (CH. 6). THE DIFFICULTIES IN A."S DEFINITION OF THE SOUL AS WELL AS IN HIS DOCTRINE OF THE ACTIVE INTELLECT STEM FROM HIS ATTEMPT AT TRANSLATING WHAT HE SILENTLY CONCEIVES OF AS THE VEY OPENNESS OF THE WORLD THROUGH OUR PRESENCE, INTO THE OPTICS OF WORDDLY REALITYWHAT COMPELS HIM TO REDUCE SOUL TO CONSCIOUSNESS OF WHAT TAKES PLACE AMONG THINGS OF THE WORLD. (CH.7). A. CONCEIVES THE UNIVERSE IN A WAY WHICH LEADS HIM TO DIS- CARD SPECIFICALLY HUMAN MOTION ON BEHALF OF THE HEAVENLY BEINGS' ABSOLUTE CONTINUITY. HOWEVER, THE FIRST MOVER'S SELF-CONTEMPLATION MIRRORS THE UNRESOLVED AMBIGUITY OF HU- MAN ENERGEIA : BOTH THE PURE ACT OF BEING THERE AND THE ACTIVITY OF CONTEMPLATING THE HIGHEST BEING COALESCE IN IT (CH. 8). HOWEVER, A.'S CENTRAL ONTOLOGICAL CONCEPT, EN- ERGEIA, CANNOT BE DEFINED APART FROM THE EXPERIENCE OF OUR BEING THERE (CH. 9).