Date : 2022
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
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Résumé / Abstract : Introduction : Une symptomatologie psychiatrique peut représenter la manifestation inaugurale de plusieurs pathologies neurologiques sur base dégénérative, inflammatoire, vasculaire, génétique ou métabolique. Le dépistage de ces pathologies à partir d’atypies clinique et paracliniques est complexe et nécessite un travail pluridisciplinaire, afin d’éviter l’errance diagnostique, d’adapter la prise en charge en évitant la iatrogénie et de ne pas méconnaitre une étiologie curable. Pour répondre à ce besoin, le Centre Hospitalier du Rouvray (CHR) a mis en place une activité de liaison neurologique en milieu psychiatrique hospitalier depuis 2020. Objectif : L’objectif principal de l’étude est d’évaluer l’impact de l’activité de liaison neurologique sur la prise en charge des patients hospitalisés en psychiatrie. Les objectifs secondaires sont de décrire la population cible de cette activité, recenser les atypies cliniques amenant à la demande d’avis neurologique et examiner l’existence de tendances reliant ces atypies à la probabilité de démontrer une étiologie secondaire à l’issue de la démarche diagnostique. Méthodes : Nous avons réalisé une étude rétrospective analysant les dossiers de tous les patients vus entre Mai 2020 et Janvier 2022 dans le cadre de l’activité de liaison neurologique. Les critères d’inclusions étaient : 1) un avis neurologique demandé et réalisé pendant une hospitalisation au CHR ; 2) demande motivée par une ou plusieurs atypies dans la présentation clinique, faisant suspecter une étiologie secondaire. Pour chaque patient, nous avons recueilli des informations concernant le diagnostic psychiatrique, les atypies motivant la demande d’avis, la symptomatologie, les examens complémentaires. Un diagnostic neurologique était retenu s’il pouvait expliquer en tout ou en partie la symptomatologie du patient. Un suivi de 6 mois après la date de l’avis neurologique a été considéré pour chaque patient. Les critères de jugement principaux sont la présence d’un diagnostic neurologique 6 mois après l’avis et la présence d’une recommandation d’adaptation thérapeutique. Résultats : 58 sujets ont été inclus, présentant majoritairement des troubles de l’humeur (29/58, 50%) ou une schizophrénie (15/58, 26%). Un diagnostic neurologique a été retenu à l’issue de 6 mois de suivi pour 18 patients sur 58 (31%, IC95% [20% ;44%]). Une modification du traitement a été proposée pour 20 sujets sur 58 (34%, IC95% [22% ;48%]). Les diagnostics étaient principalement des troubles neurocognitifs majeurs, sur base dégénérative (13/18, 72%), vasculaire ou mixte (4/18, 22%). Les atypies le plus fréquentes étaient : 1) troubles cognitif ; 2) début atypique ; 3) apathie ou désinhibition ; 4) hallucinations visuelles ; 5) examen neurologique anormal ; 6) résistance ou intolérance au traitement psychotrope ; 7) confusion, catatonie ou fluctuations de la symptomatologie répétées ou prolongées.Conclusions : Cette étude souligne que la prise en charge multidisciplinaire des tableaux psychiatriques complexes présentant des atypies permet, dans la majorité des cas, de progresser rapidement dans la démarche diagnostique et de conclure à la présence ou à l’absence d’une étiologie secondaire. Les atypies de la présentation clinique représentent le noeud central permettant d’évoquer une hypothèse étiologique alternative et d’orienter les explorations complémentaires, nécessitant souvent la réalisation d’une imagerie fonctionnelle ou d’une ponction lombaire pour pouvoir conclure. La création d’une cohorte prospective sur plusieurs années permettrait de s’affranchir des limites de cette étude, notamment la taille de l’échantillon et la durée du suivi.