Une sociologie de l'éducation en contexte de camp aux portes de l'Union européenne : à l'école des outsiders / Mickael Idrac llanes ; sous la direction de Véronique Petit

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Camps de réfugiés -- Éducation -- Pays de l'Union européenne

Émigration et immigration -- Sociologie

Rôle parental

Réfugiés

Traumatisme psychique

Petit, Véronique (1965-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Meyer, Jean-Baptiste (19..-.... ; sociologue) (Président du jury de soutenance / praeses)

Gourcy, Constance de (19..-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Pécoud, Antoine (19..-.... ; sociologue) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Clochard, Olivier (1966-....) (Membre du jury / opponent)

Rachédi, Lilyane (Membre du jury / opponent)

Moussy, Hugues (1967-) (Membre du jury / opponent)

Université Paris Cité (2019-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Sciences des sociétés (Paris ; 2019-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Centre Population et développement (France ; 1988-....) (Laboratoire associé à la thèse / thesis associated laboratory)

Résumé / Abstract : Depuis l'aggravation du conflit syrien et la chute du régime libyen, la multiplication des camps de migrants aux portes de l'Union européenne devient une réalité. Ceux-ci sont souvent invisibilisés comme dans les Balkans, parfois médiatisés comme à Calais en France, mais aussi et surtout régulièrement instrumentalisés comme sur les îles de la mer Égée en Grèce. Ils consacrent en effet une « Europe forteresse » dont l'approche hotspots est devenue la pierre angulaire. Dès lors, les États de l'Union européenne mettent en œuvre des stratégies de plus en plus savantes pour ne pas inclure les enfants des camps dans un parcours scolaire formel et des dynamiques éducatives prennent vie à l'intérieur des camps. La fonction de l'éducation en situation d'urgence se trouve alors bouleversée tant elle devient un outil au service de la survie et non plus d'un redéveloppement post-crise ou post-conflit. Au-delà d'une réflexion sur les mécanismes conduisant au développement d'écoles dans les camps, cette thèse propose une confrontation des influences réciproques entretenues par ces deux objets et analyse leurs conséquences sur la vie quotidienne des migrants. Elle apporte une contribution au champ de la sociologie des migrations en décrivant la production de rapports sociaux modifiant durablement et en profondeur la structure des camps. Jusqu'alors, au-delà du fait que la littérature sur l'éducation en contexte de camp soit peu fournie, elle était essentiellement issue des agences onusiennes. Par conséquent, elle se concentrait sur des aspects pratiques, focalisés sur l'enfant et sur les modalités d'apprentissages ou encore sur les techniques de soutien psychosocial. De fait, les réflexions sur la raison d'être d'un complexe éducatif à l'intérieur du camp, son importance pour la famille des élèves ou sa contribution au parcours migratoire d'adultes parfois sans enfants restaient des dimensions peu explorées. Afin d'y remédier, ce travail s'inspire de la littérature interactionniste de l'École de Chicago pour dépasser le cadre des destinataires traditionnels de l'école que sont les enfants et s'intéresser à tous ses usagers. Enfin, les trois années d'enquête en France, Grèce, Italie, Macédoine du Nord et Serbie ont permis de catégoriser certains camps en tant qu'institutions totales, prenant le contrôle de migrants qui ne parviennent plus à agir ou penser par eux-mêmes. Cette recherche doctorale, en décrivant un processus initié par l'école et qui aboutit potentiellement à une détotalisation des camps interroge alors plus largement la sociologie des institutions.

Résumé / Abstract : Since the worsening of the Syrian conflict and the fall of the Libyan regime, the multiplication of migrant camps at the gates of the European Union has become a reality. They are often invisible, as in the Balkans, sometimes covered by the media, as in Calais in France, but also and above all regularly exploited, as on the Aegean islands in Greece. They are in fact consecrating a "Fortress Europe" whose hotspot approach has become the cornerstone. Since then, the States of the European Union have been implementing increasingly sophisticated strategies to avoid including children in the camps in a formal school programme, and educational dynamics are coming to life within the camps. The function of education in emergency situations is then overturned, as it becomes a tool for survival rather than for post-crisis or post-conflict redevelopment. Beyond a reflection on the mechanisms leading to the development of schools in the camps, this thesis proposes a confrontation of the reciprocal influences maintained by these two objects and analyses their consequences on the daily life of migrants. It makes a contribution to the field of migration sociology by describing the production of social relationships that lastingly and profoundly modify the structure of the camps. Until now, apart from the fact that literature on education in camp contexts has been scarce, it has mainly come from UN agencies. Consequently, it focused on practical, child-focused aspects, learning modalities and psychosocial support techniques. In fact, little thought was given to the reason for the existence of an educational complex within the camp, its importance for the students' families or its contribution to the migratory journey of adults, sometimes without children. In order to remedy this, this work draws on the Chicago School's interactionist literature to go beyond the framework of the school's traditional target audience of children and focus on all its users. Finally, the three years of investigation in France, Greece, Italy, Northern Macedonia and Serbia have made it possible to categorize certain camps as total institutions, taking control of migrants who no longer manage to act or think for themselves. This doctoral research, by describing a process initiated by the school and potentially leading to a detotalization of the camps, questions more broadly the sociology of institutions.