Date : 2020
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
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Résumé / Abstract : Introduction : en France, en dépit des différentes mesures législatives mises en place, on compte toujours près de 30% de personnes fumant au moins occasionnellement. Parmi les femmes fumeuses, seule la moitié d’entre elles arrête de fumer au cours de leur grossesse malgré la connaissance de la dangerosité du tabac. La période de la grossesse étant identifiée comme une période de remaniement psychique et de questionnements, notre étude avait pour objectif d’explorer la manière dont le processus du « devenir parent » peut modifier le rapport du futur-parent fumeur au tabac. Matériel et méthodes : nous avons mené une étude qualitative à visée exploratoire en réalisant des entretiens semi-directifs individuels ou en couple. Les personnes incluses devaient avoir entre 18 et 50 ans, attendre un enfant, être fumeur ou avoir arrêté de fumer à l’occasion de la grossesse. Une femme enceinte non fumeuse a également été interrogée afin de pouvoir mettre en perspective les données obtenues. Les personnes interrogées ont été recrutées par un mode d’accès indirect, soit de proche en proche, soit par le biais d’un informateur relai. Les entretiens ont eu lieu au cours de la grossesse et au domicile des participants afin qu’ils puissent se sentir à l’aise pour se confier, ou par vidéo interposée lorsque la distance était trop grande. De nouveaux entretiens ont eu lieu jusqu’à ce que la saturation des données soit atteinte. Une grille d’entretien a servi de support aux interviews. Elle a évolué au fur et à mesure, en fonction des nouveaux thèmes amenés par les participants. Les entretiens ont été analysés selon la méthode de la Théorisation Ancrée ou Grounded Theory. Ainsi, le verbatim a été analysé par un codage ouvert, puis axial à l’aide du logiciel N’Vivo. Résultats : entre octobre 2017 et janvier 2020, 11 entretiens ont été réalisés permettant d’interroger 13 personnes pour une durée totale d’enregistrement de 474 minutes, soit 7 heures et 54 minutes. L’analyse du verbatim a permis de mettre en évidence neuf thèmes principaux. Le « tabac » a permis d’explorer la vision de celui-ci de façon globale. Le « tabac et soi » a mis en exergue la perception du tabac comme un choix personnel ne devant pas impacter l’enfant à naître. L’« entourage » met en avant la complexité du lien au tabac, influencé notamment par les habitudes familiales, autant comme un modèle à suivre que comme quelque chose à ne pas reproduire. Les « autres » aborde la conscience de l’impact de son tabagisme sur les personnes autour du fumeur. La « société » fait notamment émerger le poids du regard des autres pour la femme enceinte fumeuse. La « grossesse » fait ressortir le besoin d’information des femmes enceintes au sujet du tabac, les représentations du risque et de l’impact du tabagisme pendant la grossesse, les représentations autour de l’arrêt, ainsi que les changements et questionnements déclenchés par la grossesse vis-à-vis du tabac. Les « enfants » met en évidence les modifications de leur manière de fumer que projettent les futurs-parents vis-à-vis de leur enfant à naître. Les « évolutions face au tabac » aborde l’ensemble des évolutions possibles en lien avec le tabac. La « cigarette électronique » apporte un regard sur la manière dont elle est perçue en comparaison avec le tabac. Conclusion : la grossesse est une période propice aux changements. Elle est l’occasion de questionner son tabagisme et de le faire évoluer. Cela nécessite un accompagnement spécifique et systématique dont les femmes enceintes sont demandeuses. De plus, il parait important d’associer les futurs-papas à ce processus afin de limiter le tabagisme passif pour la femme enceinte comme pour l’enfant à naitre. Il serait intéressant de savoir quels résultats de notre étude sont transposables à ceux obtenus auprès de parents et lesquels sont, à l’inverse, spécifiques à la période de la grossesse.