La référence en crèche collective et multi-accueil : quels enjeux pour les enfants, les parents et les professionnelles ? / Margot Violon ; sous la direction de Jaqueline Wendland

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Garderies

Personnel de la petite enfance

Classification Dewey : 372.21

Wendland, Jaqueline (Directeur de thèse / thesis advisor)

Guedeney, Antoine (1953-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Mellier, Denis (1954-.... ; psychologue) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Favez, Nicolas (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Spencer, Rosario (1978-....) (Membre du jury / opponent)

Rasse, Miriam (Membre du jury / opponent)

Université Sorbonne Paris Cité (2015-2019) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Cognition, comportements, conduites humaines (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine ; 1996-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Université Paris Descartes (1970-2019) (Autre partenaire associé à la thèse / thesis associated third party)

Résumé / Abstract : Introduction : en crèches collectives, la référence consiste à attribuer à chaque enfant accueilli un professionnel responsable de son accueil. Cette pratique a rencontré un intérêt particulier dans les accueils collectifs car elle permet une individualisation de l'accompagnement limitant l'impact d'une confrontation trop précoce à la collectivité sur le développement de l'enfant. Pour autant, son instauration en crèche a fait l'objet de peu d'écrits cliniques et d'études empiriques. De plus, elle est sujette actuellement à un débat important quant à sa pertinence pour l'enfant, ses parents et les professionnelles. Objectifs et méthodologie : un premier volet exploratoire qualitatif (entretiens) a eu pour but de décrire et d'analyser la mise en application de la référence dans 17 crèches du Loiret, en France, ainsi que les représentations des professionnelles et des parents rencontrés. Puis, un volet expérimental, comparant des données qualitatives (entretiens) et quantitatives (tests de développement, type d'attachement de l'enfant à la professionnelle référente, problèmes et compétences socio-émotionnelles) récoltées dans des crèches pratiquant la référence et ne la pratiquant pas, a exploré l'impact de la référence sur la création des liens enfants-professionnelles et sur le développement de l'enfant. Résultats : cette étude à fait apparaître une mise en application très hétérogène de la référence au sein des crèches, variant notamment avec la durée d'attribution du professionnel référent. Une forte ambivalence est remarquée chez les participants autour de la référence dans sa forme « classique ». Ainsi, si la référence est jugée comme fournissant de la sécurité à l'enfant et à ses parents en présence de la professionnelle, elle génère aussi de l'insécurité en son absence. Quelques résultats quantitatifs semblent soutenir l'idée que la création de liens d'attachement enfant-professionnelle plus sécures est facilitée par la présence d'une référence. Enfin, des résultats contradictoires et peu significatifs pour la plupart sont ressortis quant à l'impact de la référence sur le développement de l'enfant. Seuls les quotients de développement liés à la socialisation et la coordination oculo-manuelle du Brunet-Lézine révisé paraissent être influencés de façon significative et négative par la présence de référents mais cela n'a pas été confirmé par les autres outils. Discussion : contrairement à son application en pouponnière, dans les crèches françaises, la référence semble être davantage axée sur l'organisation des soins qu'elle induit. Cependant, des enjeux important liés à sa mise en pratique se situent autour de la relation privilégiée enfant et référente. Les apports de la théorie de l'attachement et de la psychanalyse permettent d'alimenter la discussion : la relation privilégiée créée est-elle de l'ordre de la création d'un lien d'attachement, base de sécurité pour l'enfant ? Ou relève-t-elle d'un engagement relationnel dans lequel existent un débordement des affects et un sentiment d'appropriation ? La référence peut être perçue ici comme aidant à répondre au premier objectif, mais ne préservant pas du risque de dépasser le seuil de la juste distance affective, voire le multipliant pour certains participants. Ceci nous amène à conclure que la pratique de la référence en crèche semble être amputée de la présence indispensable de « tiers » (e.g. l'équipe, la direction, les « savoirs-tiers ») permettant de contenir les émotions et sentiments éprouvés par les professionnelles, de réamorcer les processus de pensée et les aider ainsi dans la recherche d'une juste distance affective.

Résumé / Abstract : Introduction: in collective day care centres, the primary caregiving system consists in assigning a primary caregiver to each young child as responsible for taking charge of his needs and care. This practice has raised much interest because it allows to individualize the care provided to infants and toddlers by limiting the impact of an early exposure to a collective setting on child development. However, the implementation of this system in child care facilities has rarely been the object of clinical and empirical studies. Moreover, this system is nowadays the object of controversies and debate about its relevance for the young children, the parents and the professionals involved. Objectives and methodology: a first qualitative and exploratory phase (based on interviews) aims to describe and to analyse how the primary caregiving system has been implemented in 17 day care centres in the Loiret department, in France, as well as the representations parents and professionals have about this system. Secondly, an experimental phase, comparing qualitative data (interviews) to quantitative data (development tests, type of attachment between the child and his caregiver, socio-emotional problems and skills) collected in nurseries applying and not applying primary caregiving system, tries to examine the impact of this approach on the creation of links between children and caregivers and on child development. Results: this study has revealed a widely heterogeneous implementation of the primary caregiving system in day care centres, depending in particular on the length of the assignment of the primary caregiver. A strong ambivalence about the primary caregiving system in its classic form was found among the participants. Hence, this system is seen both as providing security for the child and his parents when the assigned caregiver is present, but generating insecurity when she is absent. Some quantitative results seem to support the idea that the primary caregiving system promotes the formation of more secure attachment bonds between children and professionals. Finally, some contradictory and not significant results have been found regarding the impact of the primary caregiving system on child development. Only the developmental quotients related to socialisation and eye-hand coordination from the Brunet-Lézine Test-Revised appeared to be negatively influenced by the presence of primary caregivers, but this was not confirmed by the results from other tools. Discussion: unlike its implementation in foster care nurseries, the primary caregiving system in French day care centres seems to be focused on the organization of care it induces. The formation of a close or privileged relationship between the child and his assigned primary caregiver stands at the core of the debate and the challenges. Attachment theory and psychoanalysis provide some background for the discussion of this issue: is this privileged relationship an attachment link, essential for the child's security? Or is it rather a relational commitment including a risk of emotional spill-over and a sense of ownership? Some respondents considered that the primary caregiving system can answer to the first objective, but that it does not protect against the risk of exceeding the threshold of a fair affective distance, and might even increase it. This leads us to conclude that the implementation of primary caregiving in day care centres seems to have been reduced to a dual relationship and deprived of the essential presence of third parties (the team, the manager, the institution) which would enable professionals to better contain their emotions and feelings, to enhance the thinking on their practices and to help them to cope with emotional distance.