Dynamiques du déplacement dans l'œuvre de Jorge Franco et de Juan Gabriel Vásquez / Carlos Tous Gonzalez ; sous la direction de Karim Benmiloud

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Littérature colombienne

Voyage

Migration

Mémoire

Benmiloud, Karim (1971-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Olivier, Florence (1953-.... ; spécialiste en littérature latino-américaine) (Président du jury de soutenance / praeses)

Souquet, Lionel Fabrice (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Gras, Dunia (1968-...) (Membre du jury / opponent)

Salamanca León, Néstor (Membre du jury / opponent)

Université Paul Valéry (Montpellier ; 1970-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

LLACS-Langues, littératures, arts et cultures du sud (Université Paul-Valéry, Montpellier 3) (Laboratoire associé à la thèse / thesis associated laboratory)

Résumé / Abstract : Dans le panorama de la littérature colombienne contemporaine, Jorge Franco (Medellín, 1962) et Juan Gabriel Vásquez (Bogota, 1973) sont deux écrivains dont l’œuvre, aussi riche que variée, leur a valu une reconnaissance indéniable dans le champ de l’écriture littéraire en castillan. Les univers fictionnels de leurs romans étant cadencés par le mouvement et le croisement d’itinéraires, cette thèse explore les principales caractéristiques de différentes dynamiques du déplacement dans leur prose, notamment dans les romans Paraíso Travel (2001) et Melodrama (2006), de Jorge Franco et Los informantes (2004) et El ruido de las cosas al caer (2011), de Juan Gabriel Vásquez.Ce déplacement, choisi ou contraint, planifié ou spontané, se présente dans l’œuvre de chaque écrivain sous la forme du voyage, de la déambulation, de l’évasion, de la fuite ou de l’exil. Ainsi, ce travail mobilise les concepts de centre et périphérie, de nation, d’immigration, de langue première et seconde, le croisement de cultures et l’ouverture d’horizons étant au cœur de la réflexion.Dans quelle mesure le drame de l’histoire colombienne représente-t-il un déclencheur d’évasion majeur dans les romans de Jorge Franco et de Juan Gabriel Vásquez ? Comment le voyage dans le passé constitue-t-il un outil de travail collectif au service d’une tentative d’identification générationnelle ? Pourquoi et comment la translation de l’individu d’un espace à l’autre peut-elle être à l’origine de sa transformation ? Enfin, dans quelle mesure s’agit-il d’itinéraires textuels clés dans la création artistique ? Cette thèse observe de près la démultiplication de l’espace et du temps : une superposition de chemins qui dynamise le parcours de l’écriture.Le travail s’ouvre sur une étude de la mort en tant que déclencheur discursif et fictionnel, en ce qu’elle lance à la fois le départ de la quête littéraire et la création de l’espace par l’acte même de la déambulation. L’errance et la fuite, métaphores de ce grand voyage vers la mort qu’est la vie, sont indissociables de la dynamique de l’écriture. De même, l’analyse porte sur la relation entre la fictionnalisation de la mort et le spectre de l’effacement de l’instance auctoriale. Ainsi les notions d’origine, de point de départ, de destination et de point d’arrivée se conjuguent-elles avec les notions de transit, de passage, de prolongement et de continuité.La seconde partie étudie comment le déplacement combine l’exploration et la création de l’espace urbain dans une dynamique qui cherche à éclairer les espaces obscurs de villes comme Bogota, New York et Paris au cours du XXe siècle. Il s’agit d’analyser l’approche littéraire de l’histoire récente, procédé où la mémoire, la peur et le déplacement seront les pistes mêmes de la compréhension des secrets de ces villes.Enfin, ce travail s’intéresse à l’entreprise des voyages extra-urbain et transfrontalier, motifs qui supposent le questionnement des notions d’idéalisation et d’exotisme, conditionnées par le déplacement physique à travers le territoire, la nation et leurs limites. Ce chapitre porte également un regard sur le voyage temporel, la convocation subjective et « désordonnée » du passé et les différents degrés de temporalité, deux aspects liés à la construction filmique et à la dynamique chronotopique du récit. Ce voyage temporel s’avère en effet nécessaire à l’identification générationnel d’un je et à la compréhension de soi. Ainsi, l’écriture à distance et l’écriture de la distance permettent une ouverture vers de nouveaux horizons qui facilitent la compréhension des épisodes traumatiques de l’histoire.En somme, à travers les dynamiques du déplacement, cette thèse s’interroge sur la place que Jorge Franco et Juan Gabriel Vásquez accordent au sujet déambulateur dans un monde en mouvement.

Résumé / Abstract : In the panorama of contemporary Colombian literature, Jorge Franco (Medellin, 1962) and Juan Gabriel Vásquez (1973) are two writers whose works, as rich as varied, have granted them an undeniable acknowledgement within the field of literature written in Castilian. Since movement and the cross between different itineraries set the cadence of the fictional universes of their novels, this thesis explores the principal characteristics of diverse types of dynamics of displacement in their works, particularly in Jorge Franco’s novels Paraíso Travel (2001) and Melodrama (2006), and in Juan Gabriel Vásquez’s Los informantes (2004) and El ruido de las cosas al caer (2011).This displacement, whether chosen or under duress, whether planned or spontaneous, appears in the works of each writer in the form of travel, wander, evasion, escape or exile. This work mobilises thereby the concepts of centre and periphery, nation, immigration, first and second language, placing the crossroad of culture and the opening of horizons at the heart of reflection.To what extent the drama of Colombian history represents a major trigger for evasion in the novels of Jorge Franco and Juan Gabriel Vásquez? How travelling to the past constitutes a tool of collective work in order to find a generational identification? Why and how the transposition from one space to another can be the origin of the transformation of the individual? Finally, to what extent these textual itineraries are the key to artistic creation? This thesis closely observes the dispersal of space and time: a superposition of paths that galvanises the writing’s route.The work opens with a study of death as a discursive and fictional trigger, since it launches the start of literary quest as well as the creation of space by the act of walking. Wandering and escaping, both understood as metaphors of that great journey towards death that defines life, are inseparable from the dynamic of writing. Likewise, the analysis takes a look at the relation between the fictionalisation of death and the spectrum of the erasure of the auctorial stage. Therefore, different notions such as origin, starting point, destination and point of arrival are combined with other notions such as transit, passing, prolongation and continuity.Displacement also combines the exploration and the creation of urban space, within a dynamic that endeavours to enlighten both the dark spaces of cities like Bogota, New York, Paris or Medellin, and the most obscure zones of their history, during 20th and 21st centuries. By analysing the literary approach of recent history, this part studies how memory, fear and displacement are the clues to understand history. Furthermore, this chapter takes an interest in temporal travelling; a subjective and “disordered” convocation of the past and different degrees of temporality: two aspects that are connected to a filmic construction and a chronotopic dynamic of the tale. This temporal journey proves to be necessary for both the generational identification and the comprehension of the self.Finally, this work analyses the undertaking of a cross-border journey, a motif that implies questioning notions such as idealisation and exoticism, which are conditioned by the physical displacement throughout territory, nation and their limits. Therefore, both writing from the distance and writing the distance lead to the study of the figure of the writer as a traveller. Trespassing boundaries resonates with the universality of wandering and facing history at the dawn of 21st century: an opening to new horizons that facilitates the comprehension of traumatic episodes of history.By studying the dynamics of displacement in the works of Jorge Franco and Juan Gabriel Vásquez, this thesis actually wonders about the place that both writers accord to the wanderer subject within a moving world.