Date : 2017
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Prisonniers -- Services de santé mentale
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Résumé / Abstract : Introduction. L’incarcération est un fort pourvoyeur de stress. Ses conséquences négatives sur la santé mentale des détenus, chez qui la vulnérabilité psychique et les troubles psychiatriques sont surreprésentés, sont autant de cibles thérapeutiques. Le programme de Réduction du Stress Basé sur le Mindfulness (MBSR) est validé en population clinique et non clinique mais n’a jamais été étudié en milieu carcéral en France. L’objectif de notre étude était d’évaluer la faisabilité du MBSR en détention et son impact sur les personnes incarcérées. Méthode. Nous avons mené une étude pilote à deux bras parallèles appariés non randomisés, avec un modèle mixte quantitatif et qualitatif, sur des hommes majeurs incarcérés à la maison d’arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault, France). Le groupe test suivait un programme MBSR classique sur 8 semaines en plus du traitement habituel (TAU : suivi psychiatrique/psychologique avec ou sans psychotrope) sur toute la durée de l’étude, le groupe témoin suivait uniquement le TAU. La faisabilité était évaluée sur l’assiduité et l’acceptabilité. Une semaine avant le MBSR, 1 semaine après et 8 semaines après la fin du MBSR, nous avons évalué plusieurs dimensions psychologiques négatives (anxiété-état, douleur morale, pessimisme, suicidalité, agressivité, dysrégulation émotionnelle), des facteurs de bien-être psychique (estime de soi, empathie), des marqueurs indirects de l’état psychique (consommation de toxiques, prescription de psychotropes) et des marqueurs du processus thérapeutique (pleine conscience, flexibilité mentale). Le groupe test passait des entretiens semi-structurés individuels à la fin du MBSR. Résultats. Deux groupes ont été créés : test (n=13) et témoin (n=13). Dans le groupe test 76,9 % avait rempli le critère d’achèvement du MBSR et l’utilité était évaluée à 9 (5-10) sur 10 en fin de programme. La douleur morale était significativement diminuée après le MBSR et au suivi à 8 semaines. Les idées auto-agressives non suicidaires étaient significativement diminuées après le MBSR. Une tendance à l’amélioration des niveaux d’anxiété-état, pessimisme, dysrégulation émotionnelle, estime de soi, empathie, pleine conscience et flexibilité mentale était retrouvée dans le groupe test mais pas dans le groupe témoin. Le MBSR permettait une meilleure acceptation de l’incarcération, une dynamique relationnelle positive et de nouvelles perspectives de réinsertion. Conclusion. Il s’agit de la première étude en France montrant la faisabilité du MBSR en milieu pénitentiaire et suggérant son impact positif sur la santé mentale des personnes incarcérées, avec des applications aussi bien générales que spécifiques à la détention.