Date : 2011
Type : Livre / Book
Langue / Language : français / French
Mexico (Mexique) -- Casa Ortega
Espace (architecture) -- Thèmes, motifs
Architecture du paysage -- Thèmes, motifs
Résumé / Abstract : « L'architecture (...) n'est en premier lieu ni un message, ni un signe, mais une enveloppe, un arrière-plan pour la vie qui passe, un subtil réceptacle pour le rythme des pas sur le sol, pour la concentration au travail, pour la tranquillité du sommeil » Peter Zumthor . Au milieu du XXe siècle, tandis que la ville de Mexico étouffe sous l'hégémonie d'un style moderne internationalisé, les « machines à habiter » de la nouvelle bourgeoisie constituent des objets plastiques identiques, parfois absurdes, comme ceux poétiquement épinglés par Jacques Tati quelques années plus tard dans le film Mon Oncle. En 1953, quelques artistes, penseurs et artisans, rassemblés autour du sculpteur Mathias Goeritz, conçoivent un musée expérimental au coeur de Mexico, inspiré des « catégories » humanistes propre à l'art des jardins : émouvoir, rendre disponible, conduire à soi-même, révéler une manière d'être au Monde. L'« architecte de paysages » Luis Barragan (1902-1988, prix Pritzker 1980), partenaire de cette aventure, inscrit les principes de l'Architecture Émotionnelle au cœur de son œuvre, fondée sur l'implication sensible du concepteur autant que celle de l'arpenteur. Voyageur et rêveur, il parcourt les paradis arabes de l'Alhambra, les terrasses de Le Nôtre et les perspectives dérobées du parc baroque italien. Il invente de nouvelles méthodes de conception, où se croisent l'expérience de son travail quotidien dans le jardin de silence de sa maison et le regard des artistes qu'il y convie, et où il abolit toute distinction entre la mise en scène de l'habitation et l'ordonnance du jardin. À l'heure de la crise planétaire, le XXIe siècle nous inonde d'images virtuelles, génératrices d'expressions formelles spectaculaires, souvent vaines. Mais un rêve de jardin s'infiltre dans nos villes contemporaines et appelle l'homme sensible à renaître, tel que l'entendait Luis Barragan. Et on voit réapparaître des architectures concrètes et sensuelles comme les siennes, inspirantes et ancrées dans un lieu comme celles de Peter Zumthor, celles de Tadao Ando ou du groupe catalan RCR. L'espace y est sculpté dans toutes ses dimensions, il conduit à l'enchantement et au recueillement. Grâce aux multiples procédés de la scénographie, l'expérience sensible y est projetée vers celle du jardin, voire du grand paysage, abolissant toutes frontières entre les disciplines.