La nostalgie dans l'œuvre d'Albert Camus / Tomoko Ando ; sous la direction de Didier Alexandre

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Camus -- Albert -- 1913-1960 -- Thèmes, motifs

Alexandre, Didier (1955-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Jarrety, Michel (1953-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Mino, Hiroshi (Membre du jury / opponent)

Spiquel, Agnès (1948-....) (Membre du jury / opponent)

Wittmann, Jean-Michel (Membre du jury / opponent)

Université Paris-Sorbonne (1970-2017) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Au début des Carnets, exprimant ce qui le pousse à créer, Albert Camus mentionne « la nostalgie d’une pauvreté perdue ». Une nostalgie ambiguë, qui ne signifie pas un simple regret du temps perdu, mais qui se relève du « sentiment bizarre » que le fils porte à sa mère silencieuse. Elle consiste en réalité dans l’aspiration douloureuse à la tendresse, qui est liée intrinsèquement à la misère de l’existence que l’auteur a vécue dans son enfance. Dans le but de raconter son passé, il élabore sa nostalgie comme essence de sa sensibilité. Signe de complexité, une telle captivité comporte de plus le regret et la mauvaise conscience à l’égard du milieu pauvre qu’il a quitté. Quoique paraissant ambiguë, le nom de nostalgie est juste, s’agissant de la quête de l’identité au fond : dans la sensibilité déchirée s’inscrit la recherche inassouvissable d’une véritable origine de l’être. D’où le fait que, dans le contexte existentiel, la notion del’absurde s’établit sur la sensibilité nostalgique : l’homme se trouve déchiré entre sa condition limitée et son aspiration à une vie de plénitude. Il choisit de tenir sa nostalgie déchirante comme le fond de son être, son axe de vie et sa raison de vivre. Pour l’homme absurde, la création littéraire n’est pas une option, mais la volonté de lucidité et de liberté, en vue de « donner aux couleurs le pouvoir d’exprimer le vide ». L’oeuvre figure la dialectique de la présence et de l’absence, ce qu’expriment par moyens divers les romans camusiens. Enfin, le dernier Camus exprime la nostalgie de la patrie en tant que quête consciente de sonorigine, du « soleil enfoui », qui l’attire et le dirige, qu’il connaît depuis toujours.

Résumé / Abstract : In the beginning of Carnets, Albert Camus mentions “the nostalgia for a lost poverty” as he expresses what drives him to create. Ambiguous nostalgia, which does not mean a simple regret of lost time, concerns the “strange feeling” that the son carries toward his silent mother. In reality, it consists in the painful aspiration for tenderness, which is intrinsically bound up with the misery that the author has experienced in his childhood. In order to tell his past, he elaborates his nostalgia as the essence of his sensitivity. And as a signof its complexity, such captivity includes a regret and a sense of guilt towards the poor environment which he left behind. Despite its ambiguity, the name of nostalgia is just because it concerns the quest for identity: in the torn sensitivity, there is an insatiable quest for a true source of being. Therefore, in the existential context, the concept of the absurd is established upon the nostalgic sensibility: human beings are torn between their limited condition and their desire for a full life. They choose to hold their torn nostalgia astheir existential foundation, their life axis and their raison d’être. For the absurd man, literary creation is not an option. It embodies the will of lucidity and liberty, in order to “give power of expressing vacuum to colors”. The dialectic of presence and absence is represented in the novels of Camus in various ways. In his later years, Camus expresses nostalgia for the homeland, consciously searching for his origin; the quest after his “buried sun”. He has always known this “buried sun” which had been attracting him as his guidance.