Ecritures avides : Beckett, Des Forêts, Bernhard / Sarah Clément ; sous la direction de Evelyne Grossman

Date :

Editeur / Publisher : [Lieu de publication inconnu] : [éditeur inconnu] , 2013

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Beckett -- Samuel -- 1906-1989 -- Critique et interprétation

Des Forêts -- Louis-René -- 1916-2000 -- Critique et interprétation

Bernhard -- Thomas -- 1931-1989 -- Critique et interprétation

Beckett, Samuel (1906-1989) -- Molloy

Des Forêts, Louis-René (1918-2000) -- Le bavard

Bernhard, Thomas (1931-1989) -- Beton

Logorrhée -- Dans la littérature

Violence verbale -- Dans la littérature

Monologue intérieur (littérature)

Intertextualité

Ironie

Grossman, Évelyne (19..-.... ; professeur de littérature française) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Université Paris Diderot - Paris 7 (1970-2019) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Écritures avides : Samuel Beckett, Louis-René des Forêts, Thomas Bernhard / Sarah Clément ; préface de Dominique Rabaté / Paris : Classiques Garnier , 2017

Relation : Ecritures avides : Beckett, Des Forêts, Bernhard / Sarah Clément ; sous la direction de Evelyne Grossman / Lille : Atelier national de reproduction des thèses, Université de Lille III , 2014

Résumé / Abstract : À travers une lecture transversale de trois soliloques, Molloy, Le Bavard et Béton, cette thèse analyse la notion d'avidité, intrinsèquement liée à celles de copia rhétorique, d'abondance et de prolixité, comme un principe essentiel du travail de l'écriture de Beckett, des Forêts et Bernhard. Que l'avidité se manifeste sous la forme d'une compulsion de répétition ou d'un bavardage comme excès du dire, elle révèle la vacuité du sujet impuissant, incarne la trace de son sentiment de médiocrité, mais le pousse aussi en avant de lui-même. Pris dans une tension entre le délitement du personnage et sa logorrhée frénétique, le récit avide manifeste un goût pour l'usage de la répétition, pour la phrase longue et asyntaxique, mais aussi une propension à l'invective et l'agressivité, à la fragmentation de la prose, tout comme à la multiplication des oralitèmes et des pratiques intertextuelles. Ces modalités variées que décline le discours copieux témoignent tant d'un appétit pour les mots, que d'une volonté de déconstruire les fondements traditionnels du récit. Par leur force de déflagration, elles peuvent produire un effet d'absorption du lecteur, dont le rapport hors-norme, excessif au texte repose sur un mélange d'affects parfois contradictoires — fascination, attraction, contamination ou, à l'inverse, dégoût, nausée, détestation. Inflation des jeux métatextuels, propagation diffuse d'une ironie prophylactique, ou encore inclusion et rejet agressifs du lecteur, constituent autant de processus de métabolisation du texte qui nous engagent dans une expérience-limite, dont la puissance repose en grande partie sur la déstabilisation des interprétations.

Résumé / Abstract : Through a cross-reading of three soliloquies, Molloy, Le Bavard and Béton, I propose to analyse the notion of « avidity » -quintessentially linked to those of rhetorical copia, abundance and verbosity- as an essential principle in the writing of Beckett, des Forêts and Bernhard. Whether avidity appears in the forms of compulsive repetition or of chatter as a mariner of overexpression, it reveals the vacuity of the powerless subjects, it embodies the lingering mediocrity which they feel, while it also pushes them forward, beyond the self. In the grasp of tensions between the crumbling characters and their frenzied logorrhea, the avid narrative demonstrates a taste for the use of repetitions and for long and asyntactic sentences, as well as it displays a strong tendency towards abuse and aggressiveness, a fragmented prose, an abundance of personal oral structures, and intertextual practices. These diverse modes, recurrent in the copious discourse, indicate an appetite for words, as well as a will to deconstruct the traditional foundations of narratives. Their strong blast can induce the absorption of these readers, whose abnormal, excessive relation to the text relies on a mixture of somehow contradictory affects —fascination, attraction, contamination, or, conversely, disgust, nausea, hatred. The text is metabolized through a series of processes such as the inflation of metatextual play, a diffusely propagated prophylactic irony, or an aggressive inclusion and rejection of the reader. Such processes invest readers in a borderline experience, the might of which mainly relies on unsettled interpretations.