Une pratique sociale à l'épreuve de la conservation de la nature. Incertitudes et controverses environnementales autour de la dégradation de la pêche dans la Réserve de la Biosphère du Delta du Danube. / Veronica Mitroi Tisseyre ; sous la direction de Jean-Paul Billaud

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Innovation -- Pêche

Pêches -- Politique publique -- Danube, Delta du

Pêches -- Droit -- Danube, Delta du

Moeurs et coutumes -- Danube, Delta du

Gestion des ressources naturelles

Environnement -- Protection

Danube, Delta du

Classification Dewey : 300

Billaud, Jean-Paul (1950-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Mormont, Marc (1951-.... ; sociologue) (Président du jury de soutenance / praeses)

Dorondel, Stefan (1968-) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Picon, Bernard (1944-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Blanchon, David (1973-....) (Membre du jury / opponent)

Sabinot, Catherine (Membre du jury / opponent)

Université Paris Nanterre (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Économie, organisations, société (Nanterre) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Cette thèse présente les mutations d’une pratique sociale qui repose sur l’interaction directe avec l’environnement – la pêche, dans l’espace du delta du Danube, territoire doté d’une remarquable richesse écologique et engagé, après 1990, dans une double transition socio-économique et écologique qui implique une redéfinition radicale des pratiques d’appropriation des ressources naturelles. Caractérisée par une multiplication des acteurs, des savoirs et des actions, la création d’une Réserve de Biosphère du Delta du Danube met à l’épreuve l’existence même de la pratique de pêche et l’interaction des habitants avec les ressources désormais « naturelles » du delta. A travers une analyse des dispositifs de réglementation des droits de pêche expérimentés dans la Réserve au cours des 20 dernières années, cette thèse présente la dégradation de la pêche comme un espace d'incertitude où les « êtres de la pêche » : acteurs sociaux et poissons, sont redéfinis, expliqués, apprivoisés, mobilisés dans la définition de nouvelles formes d'interaction entre les acteurs sociaux et des ressources naturelles. Dans un contexte de persistance des pratiques de pêche illégales, les indicateurs utilisés dans la formulation des droits de pêche ont une faible capacité à faire évoluer les pratiques. L'approche développée dans cette thèse est clairement confrontée à la manière dominante de penser et de faire dans les politiques de conservation, orientées vers une plus grande rationalisation et la formulation de chaînes logiques entre des indicateurs, des droits et des résultats attendus. Nous montrons les limites de cette approche, qui devrait avoir comme préoccupation première de dépasser la distinction entre « ceux qui savent » et « ceux qui pêchent », en facilitant l’émergence des accords collectifs sur la définition des acteurs, des ressources et de leur état écologique. Nous montrons que dans le monde de la pêche artisanale, la réussite des dispositifs de gestion de la pêche dépend de leur capacité à prendre en considération les savoirs, les pratiques et les capacités critiques des acteurs locaux, développés au cours d’une longue appropriation des ressources.

Résumé / Abstract : In the last two decades, different fishing rights systems have been experimented in the Danube Delta Biosphere Reserve fisheries in order to orient natural resources exploitation practices towards the conservation of biodiversity. Overfishing is considered as one of the main threats to conservation in this ecologically fragile area, since 1989, when the communist productivist model was replaced by conservationist policies. Characterized by the multiplication of actors and knowledge production, the creation of the Biosphere Reserve of Danube Delta is challenging the continuity of fishing practices. Based on an analysis of the fishing rights systems experienced in the reserve, this work presents the degradation of fisheries as an area of uncertainty where social actors and fishing resources are redefined, explained, tamed and mobilized in the definition of new forms of ecological interactions between actors and resources. Indicators and proofs of sustainable fisheries are built on the ground, while experimenting different fishing rights systems. In a context of persisting illegal fishing practices and persistent controversies, fishing rights do not legitimate the introduction of more restrictive measures, and have a week capacity of changing practices. The approach developed in this thesis tries to go beyond the classical distinction between knowledge producers and nature users, by considering knowledge production, rights definition and social practices over nature as interconnected elements of the same process of nature appropriation. The perspective developed in this work is clearly confronted to the dominant way of thinking and doing in conservation policies, oriented towards a greater rationalization and the pre-formulation of a logical chain between measures, effects and outcomes. We show the limits of this approach, which should be primarily concerned by overcoming the distinction between "those who know" and "those who fish", facilitating the emergence of collective agreements on the definition of resources and their ecological status. We show that in the world of artisanal fisheries, the success of fisheries management incentives depends on their ability to take into account the diversity of knowledge, practices and critical capacities that local actors developed through resources appropriation practices.