Bartleby : Bartleby the scrivener / Herman Melville ; trad. de Michèle Causse

Date :

Editeur / Publisher : Paris : Le Nouveau Commerce , 1995

Type : Livre / Book

Langue / Language : français / French

ISBN : 2-85541-081-9

Causse, Michèle (1936-2010) (Traducteur / translator)

Résumé / Abstract : PRÉSENTATION :BARTLEBY est l'une des œuvres les plus remarquables de Melville en même temps que l'un des textes majeurs de la littérature quand celle-ci est justement considérée comme la première métamorphose de l'activité intellectuelle. Si Bartleby a été imaginé il y a plus d'un siècle, sa singularité est aujourd'huid'exister partout où l'homme devient le sacrifié de la société. Le bureau de Bartleby à Wall Street est déjà, bien avant Kafka, entouré de murs aveugles.Bartleby fait partie des Piazza Tales que Melville commença de publier en 1850 dans le magazine Putman's , sept histoires parmi lesquelles, à côté de Bartleby, Benito Cereno, Les îles enchantées...Les éditions en langue anglaise portent soit le titre Bartleby the scrivener soit simplement Bartleby.Seule véritable traduction de Michèle Causse. CITATION :[…] - Ce sont vos copies que nous allons collationner. Il s'agit d'une économie de travail pour vous car une seule lecture répondra de vos quatre minutes. C'estl'usage. Chaque copiste est tenu de collationner sa copie. L'ignoreriez-vous ?Avez-vous quelque chose à dire ? Répondez ! - Je préférerais n'en rien faire, répliqua-t-il d'une voix flûtée. Tandis que je lui parlais, il m'avait donné l'impression de tournersoigneusement dans son esprit chacune de mes déclarations, d'en comprendreparfaitement le sens, de ne pouvoir en contredire l'irrésistible conclusion maisd'être contraint, par quelque souveraine considération, à répondre comme il lefaisait. - Vous êtes donc décidé à ne pas satisfaire ma requête ? Une requêteconforme à l'usage et au bon sens ? Il me donna brièvement à entendre que, sur ce point, mon jugement étaitjuste. Oui, sa décision était irrévocable. Il arrive qu'un homme violemment brusqué, déraisonnablement contrariévoie ses convictions les mieux établies se mettre à vaciller. Il en vient alors, ettel était mon cas, à conjecturer que la justice et la raison, aussi surprenant quecela puisse paraître, sont toutes deux de l'autre côté. Par voie de conséquence,s'il se trouve quelques personnes désintéressées dans les parages, il se tournevers elles pour étayer ses propres esprits défaillants. - Dindonneau, dis-je, que pensez-vous de cela ? N'ai-je pas raison ? - Avec votre permission, monsieur, dit Dindonneau, de sa voix la plus suave,je pense que vous dites vrai. - Pincettes, dis-je, qu'en pensez-vous ? - Je pense que je le jetterais à la porte de l'étude.[…] - Gingembre, dis-je, désireux de ne pas négliger le plus petit suffrage en mafaveur, que pensez-vous de tout ceci ? - Je pense, monsieur, qu'il est un peu cinglé, répliqua Gingembre avec unlarge sourire. - Vous entendez ce qu'ils disent, m'écriai-je en direction du paravent, sortezde là et faites votre devoir. Il ne daigna pas répondre. Je réfléchis un moment, en proie à une cruelleperplexité. Mais une fois encore le travail me harcelait. Je résolus donc deremettre l'examen de ce dilemme à plus tard. Avec quelque difficulté, nousnous mîmes en devoir de collationner sans Bartleby. Toutes les deux ou troispages, Dindonneau émettait respectueusement l'opinion que cette façon de faireétait rien moins qu'ordinaire et Pincettes, se tortillant sur sa chaise avec unenervosité de dyspeptique, marmottait entre ses dents de cinglantesmalédictions à l'adresse de la tête de mule assise derrière le paravent. Quant àlui (Pincettes), c'était la première et la dernière fois qu'il faisait le travail d'unautre sans recevoir salaire. "Les Suppléments", p.20-21