La famille française dans les romans de la première moitié du XVIIIe siècle d'après Challe, Prévost et Marivaux / Samira Khelladi ; sous la direction de Geneviève Artigas-Menant

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Challe -- Robert -- 1659-1721 -- Thèmes, motifs

Prévost -- Antoine François -- 1697-1763 -- Thèmes, motifs

Marivaux -- Pierre de -- 1688-1763 -- Thèmes, motifs

Roman français -- 18e siècle -- Thèmes, motifs

Famille -- Dans la littérature

Artigas-Menant, Geneviève (Directeur de thèse / thesis advisor)

Francalanza, Éric (19..-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Seguin, Maria Susana (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Université Paris-Est (2007-2015) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Ecole doctorale Cultures et Sociétés (Créteil ; 2010-2015) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : La famille dans l’invention romanesque est un thème neuf abordé par Challe, le père du roman moderne, dans son chef-d’œuvre Les Illustres Françaises, roman où tous les personnages sont liés par des liens de parenté, d’amitié et de voisinage. Prévost, avec Manon Lescaut et Cleveland, annonce l’évolution du genre littéraire : un fils révolté et un enfant bâtard sont les héros de ces romans. Marivaux dans Marianne et Le Paysan parvenu imprime sa touche artistique en inventant des procédés nouveaux et en créant Marianne et Jacob, deux êtres indépendants qui arrivent à se réaliser dans la vie, malgré le système rude sur lequel se fondent les familles de leur époque. Annoncent-ils ainsi une nouvelle ère où l’individu pourra se réaliser sans l’intervention ni l’aide de sa famille ?Les romanciers trouvent leurs sujets exaltants dans la peinture de la réalité du « vrai » en représentant la vie quotidienne et en créant des scènes frappantes où le personnage authentique mène une expérience exemplaire de la vie. Les membres de la famille : le père, la mère, le fils, la fille sont présentés dans des portraits littéraires. Les pères despotiques et autoritaires séquestrent, traquent, violentent, déshéritent et renient les enfants qui osent défier leur autorité. Le vieux Dupuis refuse de marier sa fille à Des Ronais, un homme riche et de bonne famille. Il veut garder sa fille auprès de lui, considérant qu’elle est sa seule famille ou son unique « bien » dans la vie, dans un monde où la fille est destinée au mariage ou à la vie religieuse. De Bernay père oblige sa fille aînée à se marier contre son gré et contraint Clémence à devenir religieuse. Enfin le père de Des Pres et le père de Des Grieux veulent imposer leur autorité à leur fils. La représentation de la mère bonne ou mauvaise permet de voir comment cette dernière assume la responsabilité parentale et peut parfois sacrifier sa maternité pour respecter les règles de sa société comme elle peut par amour pour son enfant sacrifier la réputation de la famille en acceptant, comme dans le cas de Mme de Miran et Mme de Contamine, de marier leurs fils uniques avec des filles pauvres.Les fils représentent une génération de jeunes gens qui sont à la recherche de soi, voulant se réaliser dans la vie. Après l’expérience, les jeunes gens murissent et acquièrent une certaine sagesse comme dans la réalité. Des Ronais est conseiller au parlement, Des Frans est le cavalier qui a réalisé au champ d’honneur son rêve en combattant. Le jeune Dupuis, le libertin, se réforme et décide de mener une vie réglée.Parmi les filles, la fautive et l’aventurière ne sont pas sévèrement jugées, mais elles sont absentes de la scène occupée par Angélique la fille vertueuse, Manon Dupuis la fille obéissante et Clémence la révoltée. J’ai abordé également l’amour qui est la raison d’être du roman, avec les belles scènes de rencontre où les héros découvrent la passion amoureuse. Le mariage secret, l’union libre sont les moyens qu’emploient les jeunes amoureux pour réaliser leur désir. Afin d’aborder la vie de couple au sein du mariage, les auteurs n’hésitent pas à donner cette fin heureuse au milieu du récit qui voit s’unir Angélique et Contamine, Jacob et Mlle Habert, Cleveland et Fanny. Les auteurs semblent souligner ainsi que le mariage n’est pas une fin en soi, que le plus important c’est l’amour, l’entente et l’harmonie de l’être au sein de son groupe et de sa famille.

Résumé / Abstract : The French family in the novels of the first part of the eighteenth-century according to Challe, Prévost and Marivaux.The family is a new subject treated by Challe, the founder of the modern novel, in his masterpiece Les Illustres Françaises. All the characters are bound by kinship, friendship or neighbourhood relations. Prevost in Manon Lescaut and Cleveland modernises the fictional genre: a rebellious son and a bastard are the heroes of his novels. Marivaux in Marianne and Le Paysan parvenu invents a new artistic process and creates Marianne and Jacob, both of whom are independent. Despite the harsh system on which the family of their time was based, they are able to fulfil themselves in life. Is this the start of a new era when the individual can realize himself without the help and the support of his family?The novelists find their subject matter in the painting of reality, of "the truth”, they represent everyday life and create striking scenes in which an authentic character lives an exemplary life.The family members: father, mother, son, daughter, are presented in literary portraits. Despotic and authoritarian fathers kidnap, persecute, abuse, disinherit and disown children who dare to challenge their authority. Old Dupuis refuses to marry his daughter to Des Ronais, a rich man son of good family. He wants to keep his daughter with him, considering her as his only family and his only “treasure” in life, in a world where girls are destined for marriage or for religious life. Bernay Senior obliges his eldest daughter to marry against her will and forces Clémence to become a nun. Finally the fathers of Des Pres and Des Grieux want to impose their authority upon them.The representation of the good or bad mother shows that she is capable of assuming parental responsibility and also shows how she sometimes sacrifices her motherhood in order to respect the rules of her society, in the same way as she can, through love for her son, forfeit her family’s reputation by accepting to marry their only son with poor girls, as is the case with Mme de Miran and Mme de Contamine.The sons represent a generation of young people who are seeking to fulfil themselves in life. With experience, the young people mature and acquire some wisdom, as is the case in real life. Des Ronais becomes an advisor to parliament; Des Frans is now the gentleman who has realized his dream by fighting on the field of honour. Dupuis the rake reforms and decides to lead an orderly life.Among the daughters, deviant and adventurous are not severely judged in the novels, but they are absent from the stage occupied by the virtuous daughter Angélique, the obedient Manon Dupuis and the rebellious Clémence.My thesis also deals with love, the raison d’être of the novel. We find beautiful scenes of encounter, where the heroes discover the passion of love. Secret or common-law marriage are the means used by the young lovers to be with their beloved. So as to be able to portray the life of the married couple, the authors do not hesitate to arrive at this happy ending in the middle of the story. This is the case with Angélique and Contamine, Jacob and Mlle. Habert, Cleveland and Fanny. The authors underline that marriage is not an end in itself: the most important thing is love, understanding and harmony within the family.