Entre norme et identité, le CODOFIL et les programmes louisianais d'immersion en français / Jérôme Degrave ; sous la direction de Nathalie Dessens-Hind

Date :

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Conseil pour le développement du français en Louisiane

Français (langue) -- Étude et enseignement -- Louisiane (États-Unis)

Cajun (dialecte)

Dessens, Nathalie (1963-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Lacroix, Jean-Michel (1944-....) (Président du jury de soutenance / praeses)

Chaudenson, Robert (1937-2020) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Genton, Bernard (1955-....) (Rapporteur de la thèse / thesis reporter)

Rohr, Anne (1963-....) (Membre du jury / opponent)

Université Toulouse - Jean Jaurès (1970-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

École doctorale Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication (Toulouse) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Relation : Entre norme et identité, le CODOFIL et les programmes louisianais d'immersion en français / Jérôme Degrave ; sous la direction de Nathalie Dessens / [S.l.] : [L'auteur] , 2011

Résumé / Abstract : La Louisiane présente la particularité de posséder la seule agence d’État dont le rôle consiste à préserver et diffuser une langue minoritaire, en l’occurrence le français. Le CODOFIL (Conseil pour le Développement du Français en Louisiane) fut créé en 1968 par la loi 409 du Congrès de Louisiane. Son président fondateur, James « Jimmy » Domengeaux était persuadé que la réintroduction du français dans les écoles, à raison de trente minutes quotidiennes (dans le cadre d’un programme de Français Langue Seconde ou FLS), permettrait de freiner le déclin de cette langue, chassée des établissements scolaires par la constitution de 1921. Sa décision d’importer un corps enseignant étranger, majoritairement issu de France, de Belgique et du Québec afin d’enseigner le français international et non le vernaculaire louisianais, allait entraîner une rupture profonde entre la population francophone et le CODOFIL, sans pour autant ralentir la baisse du nombre de locuteurs cadiens. Cette situation poussait alors certains chefs d’établissement et parents d’élèves, dans les années 1980, à demander la création de programmes d’immersion française où les élèves reçoivent un enseignement des matières principales en français. Le succès constant de ces programmes (ils scolarisent aujourd’hui plus de 3.400 élèves en Louisiane) devrait logiquement en faire le fer de lance de l’action du CODOFIL car, au contraire du programme de FLS (dont les effectifs sont pourtant six fois plus importants), les classes d’immersion produisent véritablement des francophones. Une enquête présentée dans ce travail et menée auprès de 49 professeurs étrangers exerçant dans ces classes montre que tel n’est pas le cas et que le CODOFIL ne s’implique pas dans le volet pédagogique relatif aux programmes d’immersion et laissent aux enseignants étrangers le soin d’inclure, ou non, des séquences à vocation identitaire dans leur progression, tâche pour laquelle ils ne reçoivent aucune formation émanant du CODOFIL. Ce dernier se contente d’un rôle administratif de pourvoyeur de visas. La conséquence majeure de cette politique est l’absence presque totale de la langue et de la culture cadiennes dans les salles de classe. Une loi adoptée en juin 2010 par le Congrès de Louisiane, alors que ce travail de recherche était en cours, est venue modifier la mission du CODOFIL et établir l’enseignement immersif comme un de ses objectifs prioritaires : le législateur considère désormais que diffusion du français, programmes d’immersion et intérêt économique de l’État sont étroitement liés.

Résumé / Abstract : Louisiana is the only state in the USA to possess a public agency whose role consists in protecting and transmitting a minority language, namely French. CODOFIL (Council for the Development of French in Louisiana) was created in 1968 by an act of the Louisiana legislature. Its founder and first president James “Jimmy” Domengeaux held that the reintroduction of French in the schools of Louisiana with daily 30-minute classes (French as a Second Language program or FLS) would slow down the constant decline of this language that had been banned by the 1921 constitution. Domengeaux’s decision to import foreign teachers from France, Belgium and Quebec to teach international French and not the Louisianan variety that he deemed unfit for the classroom was to leave the cajun population displeased and resentful towards CODOFIL, while the number of French speakers kept falling. This situation led some school principals and parent support groups in the 1980’s to demand a change of policy and the creation of immersion. Instead of studying French as in the FLS program, pupils are taught the main subjects in French. Given the growing success of those immersion programs (they now comprise more than 3400 pupils in Louisiana) which churn out real French speakers (unlike the FLS programs and their 18 000 pupils), CODOFIL should be expected to focus its core action on them. A survey presented in this work and conducted with 49 French Associate Teachers (FAT) shows that CODOFIL is not, leaving the FATs to their own devices when it comes to teaching Cajun culture and language. Generally ignorant of those features when they arrive in Louisiana, they are deprived of a serious training. CODOFIL is content with its administrative role consisting in delivering. The main consequence of this policy is the near total absence of cajun culture and language in the classroom. A recent and unexpected act of the Louisiana legislature (June 2010), adopted while this work was still under way, is meant to radically alter the mission of CODOFIL and establish the immersion programs as a high priority: the transmission of French, immersion classes and the economic interest of the state are now regarded as closely linked.