L' évolution comparée des manufactures de soieries de Lyon et de Londres, 1789-1848 : une approche institutionnaliste / Simon Hupfel ; [sous la direction de] Ludovic Frobert

Date :

Editeur / Publisher : [S. l.] : [s. n.] , 2010

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Histoire économique

École classique d'économie politique

Mouvement ouvrier

Économie et politique

Manufactures -- France -- Lyon (Rhône)

Manufactures -- Grande-Bretagne -- Londres (GB)

Frobert, Ludovic (historien des idées économiques et politiques) (Directeur de thèse / thesis advisor)

École normale supérieure de Lyon (2010-...) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : L'économie politique des soieries : les manufactures de Lyon et de Londres de leur origine à 1848 / Simon Hupfel / Paris : Classiques Garnier , 2019

Relation : L'évolution comparée des manufactures de soieries de Lyon et de Londres, 1789-1848 : une approche institutionnaliste / Simon Hupfel / Villeneuve d'Asq : Atelier national de reproduction des thèses, Université de Lille 3 , [2012]

Résumé / Abstract : L’ensemble de ce travail de thèse peut être compris comme une tentative d’éclairer, à partir des exemples des manufactures de soieries de Lyon et de Londres, les modalités de la double transition, industrielle et démocratique, de la France et de l’Angleterre entre 1789 et 1848. A la fin du XVIIIe siècle, tant les performances que les caractéristiques d’ensemble des deux manufactures pouvaient aisément être rapprochées. En particulier, la production était organisée dans les deux cités autour de milliers d’ateliers domestiques urbains, dont la flexibilité permettait de s’adapter aux brusques variations de la demande de luxe qu’ils servaient. Dans ce cadre, le rêve commun aux artisans de Lyon et de Londres de pouvoir parvenir à mettre en place une structure de gestion collective de leur industrie se trouve pourtant rapidement confronté à l’idée, qui gagne du terrain de part et d’autre de la Manche, d’une division du travail fondée sur le développement du machinisme et le regroupement des ouvriers dans des locaux de taille supérieure. Chaque communauté doit ainsi faire face à de nouvelles attaques visant à démanteler leur appareil réglementaire, qui se multiplient à partir de la chute de l’Empire. Ces attaques conduisent dans les deux industries, en 1824 à Londres et en 1831 à Lyon, à l’abrogation par le pouvoir central de tout dispositif officiel de régulation du taux de salaire des tisseurs. Mais alors que cette annulation marque le début de l’effondrement de la manufacture de Londres, sa rivale rhodanienne ne cessera de se développer jusque dans la seconde moitié du siècle. Le principal argument de ce travail consiste à affirmer que cette divergence de trajectoire peut prioritairement être rapportée à l’existence à Lyon d’un ensemble d’institutions locales autonomes qui permettaient d’assurer le bon fonctionnement de manufactures dispersées urbaines, et qui contrastent avec la faiblesse des structures londoniennes de gouvernement local. Si cette disparité tient en partie à la spécificité du cas lyonnais, elle résulte aussi des arbitrages politiques effectués par le pouvoir central des deux pays, offrant ainsi une clef de lecture originale pour comprendre à la fois la spécialisation économique de la France sur les produits de qualité supérieure et la place occupée par les artisans qualifiés des villes dans le processus de formation d’une classe ouvrière en France et en Angleterre.

Résumé / Abstract : The bulk of the investigations undertaken in this thesis could be described as an attempt, taking the silk manufactures of Lyon and London in a comparative view, to shed some light on the nature of the economic and political transitions experienced by France and England between 1789 and 1848. Both the performances and the general attributes of the two industries were very similar by the end of the18th century ; both of them being especially organised on the basis of thousands of urban workshops. The great flexibility of this organisation enabled the manufacture to respond to the brisk variations of the demand for luxury upon which it depended. In this framework, the enthusiasm shared by the weavers from Lyon and London to set up institutions securing to them the possibility to participate to the collective regulation of their trade soon entered in contradiction with the project, gaining ground on both sides of the Channel, to engage further into the division of labour by regrouping workers in bigger units of mechanized production. Each community thus had to face new attacks threatening their bodies of regulations, the intensity of which is even amplified after the fall of Napoléon. Those attacks finally led the national authorities to repeal the official wage-fixing mechanisms existing in both industries (occuring in 1824 in London, and in 1831 in Lyon). While this repeal initiated the decline of the London manufacture, its main French rival continued to develop well into the second half of the century. The main argument we introduce is that such a striking divergence should be related to the existence in Lyon of a web of local autonomous institutions capable of regulating the complex functionning of urban dispersed manufactures, contrasting with the weakness of the London’s structures of local government. Although this disparity derives partly from the specificities of the Lyon case, it has also been caused by the political choices made by the national authorities of the two countries. The attention devoted to the study of the influence of different forms of government on economic activity could thus provide original reasons to explain the French specialization on upper quality manufactured goods, and consequently to understand the role played by skilled urban artisans in the emergence of a workers’ movement in France and England.