L'instrumentalisation des politiques sociales, un obstacle à la collaboration professionnelle : l'exemple des techniciens-conseils et des travailleurs sociaux dans les C.A.F. / Pierre Le Louerec ; sous la direction de Jean-Yves Dartiguenave

Date :

Editeur / Publisher : [S.l.] : [s.n.] , 2010

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Communication en service social -- France -- 20e siècle

Politique familiale -- France -- 20e siècle

Action sociale -- Administration -- France -- 20e siècle

Relations administration-usagers -- France -- 20e siècle

Politique sociale -- France -- 20e siècle

Dartiguenave, Jean-Yves (1957-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Université Rennes 2 (1969-....) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Université européenne de Bretagne (2007-2016) (Autre partenaire associé à la thèse / thesis associated third party)

École doctorale Sciences humaines et sociales (Rennes) (Ecole doctorale associée à la thèse / doctoral school)

Résumé / Abstract : Dès la première décennie de fonctionnement des Caisses d'Allocations Familiales, Pierre Laroque, un des principaux fondateurs de la Sécurité sociale, rappelle l'importance de l'action sociale qui vient « humaniser la sèche réglementation » mise en oeuvre par les gestions dites techniques. La thèse consiste à montrer que cette « complémentarité politique » qui vise à concilier le principe d'équité (opéré par le travail de réaffiliation du travailleur social) à celui d'égalité (opéré par le travail de conformation du technicien-conseil) s'est déplacée sur le registre technique. Alors qu'au cours de cette dernière décennie, la thématique de la « complémentarité des professions » (re)surgit, la signification que recouvre cette notion n'est plus la même. Il est montré que progressivement le recours à des modes et modalités de gestion, orientés avant tout vers l'efficacité fonctionnelle et la performance économique du système de production, « grippe » la contribution et la collaboration professionnelle. Plus particulièrement, il est montré que cette course à la rationalisation et à l'optimisation instrumentalise l'acte professionnel et met les professions au service des visées productives de l'organisation ; plus spécialement, le travail social est subordonné à la logique de fonctionnement des gestions techniques. En fait, alors que les situations des allocataires deviennent de plus en plus complexes et qu'il est convoqué la « complémentarité des professions », deux obstacles majeurs enrayent cette dernière. L'approche gestionnaire réduisant la charge à assumer aux tâches à effectuer, ne favorise pas le réinvestissement du processus d'agencement des compétences définissant cette « complémentarité politique » d'où résulte la collaboration. De plus, le principe de métier au fondement de la contribution professionnelle - qui permet l'analyse implicite de ses compétences réciproquement à celles d'autrui - tend même à être aboli. En d'autres termes, la collaboration est abordée avant tout comme une simple coordination socio-technique qui fige les charges et des responsabilités professionnelles. De ce fait, la nécessaire négociation des rôles et les fonctions ne trouve plus, en situation, les conditions suffisantes pour réinvestir au mieux le processus d'attribution des compétences, autrement dit la complémentarité, bien que celle-ci soit institutionnellement décrétée

Résumé / Abstract : In the first decade of the Caisse des Allocation’s (CAF or family allowance fund) existence, Pierre Laroque, one of the founders of the French Social Security system, emphasised the importance of social action to “humanise arid regulations”. The present thesis aims at showing that the “political complementarity” which aims at reconciling the principle of equality (the reaffiliation function of the social worker) with that of equity (the conformation function of the technicianadvisor) has become technical, instead of political. Although the theme of “professional complementarity” has reemerged in the last decade, the meaning of this notion is no longer the same. Increasing use of management methods oriented functional efficiency and best economic performance of the system of production in fact hampers effective professional contribution and collaboration. More particularly, this race towards rationalisation and optimisation instrumentalises work, reducing the professional’s role to that of a tool for achieving the entity’s productivity aims. As a result, social work is subordinated to the logic of management’s operational techniques. While the situation of the CAF beneficiaries become more and more complex, two major obstacles prevent achieving “professional complementarity”. Firstly, the management approach of reducing responsibility to simply executing tasks does not facilitate reinvestment of the process of rearticulating competences that defines the “political complementarity” and that enables collaboration. Secondly, the principle of métier as the foundation of professional contribution – which allows implicit, reciprocal analysis of competences – tends to be cancelled. In other words, collaboration is essentially reduced to a simple socio-technical coordination defining missions and responsibilities. Therefore, the framework for necessary negotiation of professional roles and functions is no longer adequate to reinvest in the best process of allocation of competences, i.e. complementarity, although it is institutionally recognised as a goal