Des utopies linguistiques aux langues fantastiques : les cas de Orwell, Burgess, Hoban, et Golding / Sandrine Sorlin ; [sous la direction de] Frédéric Regard et Jim Walker

Date :

Editeur / Publisher : [S. l.] : [s.n.] , 2006

Type : Livre / Book

Type : Thèse / Thesis

Langue / Language : français / French

Hoban -- Russell -- 1925-2011

Golding -- William -- 1911-1993

Orwell, George (1903-1950) -- Nineteen Eighty Four

Burgess, Anthony (1917-1993) -- A Clockwork orange

Langues artificielles

Philosophie du langage

Regard, Frédéric (1959-....) (Directeur de thèse / thesis advisor)

Walker, Jim (Directeur de thèse / thesis advisor)

École normale supérieure-Lettres et sciences humaines (Lyon ; 2000-2009) (Organisme de soutenance / degree-grantor)

Relation : Des utopies linguistiques aux langues fantastiques : les cas de Orwell, Burgess, Hoban, et Golding / Sandrine Sorlin ; [sous la direction de] Frédéric Regard et Jim Walker / Lille : Atelier national de reproduction des thèses , 2006

Résumé / Abstract : Cette thèse s'intéresse aux utopies linguistiques théoriques et fictionnelles, depuis les "langues philosophiques" du XVIIe siècle jusqu'aux langues internationales du XXe siècle (elles-mêmes issues des projets de langues universelles du XIXè siècle), avant de s'attarder sur leurs avatars littéraires au XXe siècle. Quatre romans en particulier sont à l'étude : "Nineteen eighty-four" de George Orwell, "A clockwork orange" d'Anthony Burgess, "Riddley Walker" de Russell Hoban, et "The Inheritors" de William Golding. Ces oeuvres écrites dans un anglais altéré, modifié, déformé, sont analysés à la lumière des inventions utopistes de langue afin de déterminer s'il y a filiation, continuité ou rupture. Il est d'abord proposé une histoire des idées linguistiques afin de bien saisir les motivations, les buts et les enjeux des projets de langue artificielle chargée de décrire le monde de manière exacte et univoque, depuis le "caractère universel" de Francis Bacon jusqu'aux langages formels des logiciens au XXè siècle. L'analyse conduite montre que loin de rendre compte du monde de façon objective et neutre, les projets utopiques, lui imposent un modèle idéologique toujours déjà linguistique. Les romans du XXè siècle s'inscrivent alors en rupture par rapport à ce rêve d'une humanité réconciliée grâce à un langage unique et parfait. Ils présentent en effet des hommes qui ont perdu leurs repères, et le langage qui les traverse, qualifié de "fantastique", est obscur, parfois méconnaissable, jouant toutes ses "imperfections". Mais à travers les déformations qu'il subit, le langage parvient à se libérer du moule idéologique de l'oeuvre et à en sublimer le pessimisme, révélant toute sa puissance interne, génératrice d'être. Cette thèse met en évidence la capacité du langage à structurer ou à produire le monde, qu'il s'agisse du monde réel (les utopies linguistiques) ou du monde fictionnel (les langues fantastiques).

Résumé / Abstract : This dissertation deals with the theorical and fictional arificial languages, dating back to the 17th-century philosophical languages until the 20th-century international languages the latter arising from the universal language projects of the 19th century, before dwelling upon their 20th century literary avatars. Four novels in particular are under study : "Nineteen eighty-four" by George Orwell, "A clockwork orange" by Anthony Burgess, "Riddley Walker" by Russell Hoban, and "The inheritors" by William Golding. These books written in a distorted language are analysed in the light of those utopian languages to determine whether there is filiation, continuity or rupture. The work sarts with an overview of man's different conceptions of language to fully grasp the motivations goals and stakes of these projects of artificial language designed to describe the world accurately and unambiguously, from Francis Bacon's "universal character" to the logicians formal languages in the 20th century. The analysis carried out shows that far from giving an objective and neutral reading of the world, the utopian projects apply to it an ideological pattern which is always already linguistic. The novels of the 20th century break off with the dream of humanity reconciled by a unique and perfect language. Indeed, they present man at a loss in a nightmarish atmosphere and the English language used is "fantastic", obscure, sometimes unrecognizable, playing with what the projectors called its "imperfections". However, in and through the alteration undergone, language succeeds in setting itself free from the ideological mould of the story and in sublimating the pessimis, enhancing its inner, engendering power. This thesis brings out the capacity of language to structure or generate the world, be it the real world (the utopian language) or the fictional world (the "fantastic" language).