Date : 1996
Type : Livre / Book
Type : Thèse / ThesisLangue / Language : français / French
Parti communiste français -- Intellectuels
Communisme et intellectuels -- France -- 1945-1990
Vie intellectuelle -- France -- 1970-2000
Résumé / Abstract : C'est à partir d'une interrogation sur le rapport des intellectuels à l'autorité partisane que nous nous sommes intéressés à la nouvelle critique. Revue communiste intellectuelle, née dans l'orthodoxie en 1948, elle est devenue dès le milieu des années 60 et, en particulier lors de la mise en place de sa nouvelle formule en 1967, l'un des instruments de l'aggiornamento du PCF. Devenue progressivement critique à l'égard de la politique communiste après la rupture de l'union de la gauche, partie-prenante de la contestation des intellectuels en 1978, elle a été supprimée en 1980. Elle permet donc d'observer l'ensemble des rapports à l'autorité (coopération, obéissance, insoumission, hétérodoxie impalpable...). Aussi, la thèse se propose non pas seulement de raconter l'histoire de la revue, mais grâce à une triple méthode (étude du contenu, enquête ethnographique, dépouillement d'archives inédites) d'étudier le lien particulier qui se tisse dans la conjoncture historique et intellectuelle des années 60-70 entre les intellectuels communistes et la fraction de la direction du PCF la plus engagée dans le processus de rénovation du parti communiste. Cet accord repose sur un "contrat implicite" entre les intellectuels et les politiques, favorise par les positions indissociablement sociales et intellectuelles des membres de la NC, positions qu'on s'est applique à éclairer. En échange de leur obéissance, de leur capacité à élaborer les thèses philosophiques, historiques ou sociologiques adéquates à la ligne définie par les politiques, et de leur participation active aux processus d'exclusion (affaire Garaudy), les intellectuels communistes accèdent alors au rôle de "conseiller du prince". Cette participation des intellectuels a la politique du parti permet de rompre avec le modèle du PCF comme institution totale. La suppression de la nouvelle critique permet enfin d'étudier la dernière modalité du rapport des intellectuels à l'autorité : l'insoumission. En effet, cet accord implicite des intellectuels et des politiques reposait sur des croyances politiques communes et unitaires. Il reposait plus profondément sur une illusion doublement partagée : la possibilité d'une rénovation interne du PCF. Dès lors que la fraction politique la plus engagée dans la politique d'ouverture renonce à cette stratégie, le contrat implicite ne peut que se briser.
Résumé / Abstract : Our interest in la nouvelle critique was inspired by the question of relations between intellectuals and party authority. From its orthodox beginnings in 1948, this intellectual communist review was to become, by the mid 1960's and more particularly after the introduction of its new formula in 1967, one of the french communist party's aggiornamento instruments. Progressively more critical of communist policy after the breakdown of the union of the left, actively involved in the intellectual contestation of 1978, the review was finally suppressed in 1980. Its study consequently reveals the full range of attitudes toward authority : co-operation, obedience, insubordination, intangible heterodoxy. The present thesis endeavours not only to relate history of the review but, thanks to a threefold method (contend study, ethnological research, and examination of unpublished archives), to trace the special link, in the intellectual and historical context of the 1960's and 1970's, between communist intellectuals and the faction of the french communist party leadership most committed to communist party renovation. This cooperation is founded upon an "implicit contract" between intellectuals and politicians, favoured by the indissociably social and intellectual positions of la nouvelle critique's members, which we have also endeavoured to clarify. In exchange for their obedience, their ability to elaborate philosophical, historical or sociological theses to match the line defined by the politicians, along with their active participation in the exclusion process (cf. Garaudy affair), the communist intellectuals accede to the role of "privy counsellor". Such participation by intellectuals in party policy brings to an end the concept of the french communist party as a total institution. Finally, the suppression of la nouvelle critique gives the opportunity to study the last stage in the relationship between intellectuals and authority : insubordination. In effect, this implicit understanding between intellectuals and politicians has rested on common unitarian political beliefs, and more deeply still on a doubly-shared illusion : the possibility of renovation of the french communist party from within. Once this strategy was abandoned by the political faction most committed to reform, the implicit contract could no longer survive.